Re: Qu'est-ce que c'est, ici ? (libre)

**Light** Sam 31 Déc - 1:12

Malgré le fait que j'étais occupé à bouder, je ne pus que la regarder lorsque j'entendis son éclat de rire. C'était le premier que j'entendais venant d'elle. Son premier vrai sourire, un premier vrai rire franc. Je sentis mon ventre se serrer. J'avais mal, pour une raison inconnue. Ce n'était pas une douleur, c'était comme ... Une faim. Pas une faim classique, mes gargouillis intempestifs s'étant stoppés face au timbre de sa voix.

Je la regardai, pendant quelques secondes, le souffle coupé, le coeur ayant manqué un bond, ce trou béant dans mon torse, à la fois douloureux et brûlant. C'était quoi, ce rire ? C'était quoi, ce sourire, qui semblait hors du temps, qui m'avait tant surpris ?

J'étais habitué à la voir bouder, râler, trépigner, crier même, des fois, souvent -j'adorais ça, la mettre en colère, la taquiner pour mon petit plaisir personnel. Mais ce sourire, ce rire ... Ils m'avaient pris de court. J'étais resté cloué sur place face à l'aura qu'elle avait dégagé durant ces quelques secondes.

Lorsqu'elle s'arrêta -alors que ses pouvoirs lui gâchaient une nouvelle fois l'existence- je détournai brièvement le regard pour inspirer un grand coup. C'était quoi ce qu'il se passait chez moi ? Il y avait quoi qui clochait ? Ça me semblait tellement ... malsain. Je me sentais comme un monstre regardant une poupée de porcelaine.
Une poupée de porcelaine au rire d'un ange.

Lorsqu'elle me dit vouloir y aller, je m'approchai d'elle sans un mot. Elle venait tout juste de s'arrêter de rire, une grosse larme de joie, sans doute amplifiée par ses pouvoirs, encore sur sa joue. Dans un geste, en silence, je posai mes doigts contre sa joue pour recueillir la larme. Ce simple contact me permit de nous téléporter, tandis que mes doigts frôlaient sa douce peau d'enfant. Je la regardai durant ces quelques secondes intenses. Je n'avais pu -et je ne savais pourquoi- me contrôler.

Lorsque nous nous téléportâmes dans une ruelle tranquille à Madrid, je me reculai d'un pas, rabaissant ma main. Je venais de faire quoi, là ? Je me croyais tout permis ? Je me prenais pour qui ? Pire encore, pour qui me prenait elle désormais ?

Je la regardai, lui fis un grand sourire un peu bête.

- Je pensais qu'il n'y avait que des gros crocodiles pour pleurer comme ça, lui dis-je avec un air détaché.

Je fis quelques pas en direction du bar, et, voyant qu'elle ne me suivait pas, je me retournai avant de lui faire un grand sourire, un peu gêné :

- Bon ... Tu viens ou pas ?