Visite de courtoisie ou comment s'assurer qu'on ne perd pas totalement pied

Je revenais d'une longue balade de plus auprès d'Alia. J'avais cette fois ci écrit dans le sanctuaire, sa présence m'ayant aidé à rester calme et à retranscrire avec un certain recul les évènements qui avaient conduit à sa mort. Alors que je revenais, je reconnus le rythme cardiaque d'Etsuko dans mon bureau. J'y entrai avant de la trouver près de la porte.

- Eh bien bonjour mademoiselle, lui dis-je avec un léger sourire.

J'haussai un sourcil. Quel était ce temps de réflexion avant le mot travailler ?... Elle doutait tant que ça de mon travail ?
...
Formidable.

- Tout va bien. Et toi ... Comment te portes-tu ?

Je lui fis un léger sourire.

Mon sourire s'effaça légèrement. Je me passai la main derrière la tête, gêné.

- A vrai dire ... Je n'ai pas vraiment vu quel temps il faisait dehors, m'excusai-je.

Je tournai à mon tour le regard vers les grandes fenêtres. Le Soleil dardait de ses rayons l'intérieur encombré du bureau, et u en particulier attira mon attention sur la poubelle.Le dossier de résurrection d'Alia était dedans ... Je m'en approchai pour le reprendre et le poser sur mon bureau. Je le gardai cependant en main, pensif. Sous quel accès de colère l'avais-je jeté, cette fois-ci ? Combien de fois avais-je jeté ce dossier pour le reprendre, encore et toujours ?... Je ne savais plus quoi faire.

Je me tournai vers Etsuko, le dossier toujours en main.

- C'est vrai ... C'est vrai qu'il fait vraiment beau, aujourd'hui.

Je secouai la tête, et fis le tour de mon bureau pour trouver un endroit où sceller ce dossier.

- Je suis désolé. Je n'ai pas trop la tête à ça en ce moment.

Je regardai le dossier, puis Etsuko. Puis le dossier. J'étais, à vrai dire, un peu perdu.

- Je ... Je ne sais pas. Je crois que le fait d'écrire... M'a fait me souvenir de choses que j'avais oubliées. Alia ... n'aurait jamais souhaité ça. Elle ... Elle m'a dit que les séparations n'étaient pas tellement douloureuses... Et que mourir ne lui faisait pas peur. Elle est partie le sourire aux lèvres ... Je ne sais pas si je pourrai un jour revoir ce sourire paisible qu'elle m'a offert ce jour là.

Je chuchotai :

- Je ne sais pas... Je suis perdu. Toutes ces recherches, ces heures passées, ces expériences, ces feuilles, ces pages et ces pages, ces cauchemars ... Tout ça pour me souvenir qu'elle ne souhaitait plus que la mort ...

Je fermai les yeux, le visage plissé en une mine douloureuse.

- Elle m'avait dit ... qu'il n'y avait rien qui la retenait sur Terre lorsqu'elle était arrivée dans l'Institut.

Je me tournai vers Etsuko, la fixant.

- Je ne peux m'empêcher de penser que nous n'étions pas suffisants pour la retenir. Nous qu'elle a surnommés ses anges... Je ne sais pas si les souvenirs que nous avions bâtis étaient suffisants pour la retenir. Et j'ai eu la prétention de croire qu'ils l'étaient assez pour la ramener.

Je fixai mon regard à la fenêtre.

Je la fixai, surpris. Puis me détournai d'elle.

- Tu ... tu as sans doute raison. Mais les souvenirs restent ancrés en moi, et refusent de s'en aller.

Je la fixai de nouveau.

- Rien n'est plus douloureux que l'oubli. Et je refuse de souffrir encore.

Je répondis, sans doute plus durement que je ne l'aurais voulu :

- Tu ne comprends pas ! Tu ne sais pas ce que j'ai perdu !

Je chuchotai :

- Ce que j'ai perdu ... Je doute qu'on puisse le comprendre un jour. Je doute que quelqu'un puisse le comprendre.

Je secouai la tête.

- Je suis au courant pour Minoru. Je suis désolé.

Je la fixai.

- Et je sais également ce que tu as fait après en compagnie d'Akira.

Je regardai par la fenêtre.

- La vengeance, hein ?...

Je la fixai, du plus profond de ses yeux bleus qui semblaient encore plus sombres désormais. Comme la marque du meurtrier.

- C'est le pire des poisons. J'en sais quelque chose ... Mais au moins, toi, tu n'as pas tué de sang-froid. Et je serai mal placé pour te faire la morale à ce sujet là.

Je la fixai.

- Je m'en serai chargé. Moi ou d'autres Masters.

Le regard qu'elle porta sur moi ensuite me dérangea. Je me tournai pour ranger le dossier dans un endroit sûr. Je ne savais toujours pas quoi en faire ... Je poussai une pile de dossiers, cherchant où cacher le dossier ... Lorsque mon carnet tomba, ouvert, sur le sol de la pièce. Je n'y prêtai pas attention, cherchant toujours un endroit où cacher ce dossier ...

Je posai le dossier sur mon bureau, puis pris doucement le carnet, le regardant un instant, pensif. Je le posai finalement sur le bureau, à côté du dossier. Puis je me redressai, fixant Etsuko.

- Merci.