C'est ton amie non ? [Privé]

Je m'étais appliquée à faire un bouquet de fleurs pour elle. J'avais cru comprendre qu'elle était à l'infirmerie. J'avais l'affreuse impression d'être la dernière au courant. J'avais gravi les marches jusqu'à l'infirmerie, une à une, d'un pas pesant. Je voulais tant la revoir et en même temps...
En arrivant devant cette porte blanche derrière laquelle émanait cette odeur particulière de malades et de blessés, je serrai le bouquet de roses et de lys contre mon coeur. Je penchai légèremet la tête sur côté et aperçus dans mon champs de vision...

- ... Karasu ?

Je lui adressai un doux sourire. Au moins, à lui, il ne lui était rien arrivé. Je soupirai, soulagée.

- Bien et toi ?

Je fis une légère courbette, ne le quittant cependant pas des yeux.

- Pardonne-moi pour la dernière fois.

Je ne voulais pas faire comme s'il ne s'était rien passé et je souhaitai que tout soit résolu. Je me redressai, et mon regard passa de Karasu à la porte, de la porte à Karasu.

- Tu venais la voir toi aussi ?... Storm...

Je fronçais les sourcils, légèrement blessée par sa réponse. Il me semblait qu'ils étaient meilleurs amis. Alors pourquoi ne pas lui rendre visite ?

- Pourquoi ?

Je cherchai quelque chose d'autre à ajouter, pour adoucir la question que j'avais posé sèchement. Mais rien ne me vint à l'esprit. Je me rendis compte que mes doigts s'étaient crispés sur le bouquet. Je me rapprochai d'un pas de lui et le fixai droit dans les yeux, en quête de réponse. Elle faisait partie des gens qu'il aimait alors pourquoi "non" ? Les gens qu'on aiment, on désire être à leur côté, toujours.

Sa voix, tout comme son regard, était emplie de tristesse.

- Comment ça ?

Que voulait-il dire par là ? Je ne comprenais pas...

Mon regard ne le quittait pas. Lorsqu'il me contourna, je le rattrapai par la main. Nous étions côte à côte.

- Non ce n'est pas rien ! Viens avec moi... S'il te plaît...

Je me mordis discrètement la lèvre inférieur. S'il te plaît. C'est ton amie bon sang ! C'est ton amie Karasu. Je le suppliai du regard. Après tout ce qu'on avait subi durant cette bataille, il préférait la fuir plutôt que de régler le problème ? C'était insensé. Et si jamais... et si jamais... Il arrivait de nouveau quelque chose d'horrible.

Je serrai davantage sa main.

- S'il te plaît Karasu ! Je suis persuadée que ça lui fera plaisir de te voir !

Je le tirai doucement vers moi, l'obligeant à croiser mon regard.

J'ancrai plus profondément mon regard dans le sien et dis avec conviction :

- Ce qu'il lui faut c'est de voir son ami. Si tu ne vas pas la voir, elle aura sûrement l'impression que tu l'as oubliée et qu'elle n'avait pas plus d'importance que ça.

Ne lâchant pas sa main, je me dirigeai jusqu'à la porte. Je me tournai à nouveau vers lui. J'hésitai à le lâcher. J'avais peur. Peur qu'il s'enfuit. Et ça, il ne fallait pas. Je lui tendis le bouquet :

- Tu veux bien me tenir ça ?

Tandis que le bouquet glissai d'une main à l'autre, je coinçai une rose et un lys entre deux doigts, puis les mis dans ma bouche pour dégager la main qui ne tenait pas celle de Karasu. Je pris soin de ne pas me piquer aux épines de la rose.
Ne le lâchant toujours pas, j'ouvris la porte de l'infirmerie et entrai, tout en l'y obligeant. Je retirai les deux fleurs de ma bouche.
Lui, ne devait pas lâcher ce bouquet. De toute façon, il n'oserait pas... Je l'espérai du moins...
Je cherchai une infirmière des yeux, pour nous indiquer le lit où reposait Storm.

Je crus entendre la voix de Storm. Puis, je vis son visage à travers un rideau blanc.

- Storm !

Je serrai un peu plus la main de Karasu. J'allais finir par la lui écraser ! Et je le traînais jusqu'au lit de mon maître. Je vérifiai qu'il avait toujours le bouquet en main et ouvris le rideau en grand.

- Storm ! Je suis heureuse que... Que tu ailles bien !

Je ne savais pas trop comment formuler mon bonheur, cette joie étrange, cette espoir nouveau qui enserrait ma poitrine.

Je lâchai la main de Karasu en pressentant le geste de Storm. Je remarquai que j'avais rendu sa main violette.
"Désolée"
Mais ça valait le coup non ? Elle n'avait pas l'air de lui en vouloir pour je ne sais quoi. Bien au contraire. J'en étais ravie. Je souris en les voyant ainsi.
Je regardai autour de nous au bout de quelques secondes, ne sachant plus trop où me mettre.

Dans ses bras, je souris, heureuse de la retrouver.

- A mes yeux, tu n'as rien à te faire pardonner.

Puis, je lui tendis la rose et le lys que j'avais retirer du bouquet que j'avais confié à Karasu. Je ne savais pas trop quoi dire, alors je me contentai du geste.

- Karasu a aussi quelque chose pour toi...

Je me penchai sur le côté et lui adressai un clin d'oeil.