Je ne respire plus depuis que tu es partie. Malheureusement, ton retour n'a rien arrangé... Mais putain, j'suis si con aussi ! (privé)

**Dark** Lun 7 Juin - 22:33

Je revenais d'un entraînement matinal dans la forêt. Quelques semaines avant notre mission, j'avais recommencé à m'entraîner sur mon agilité, et même après mon retour, il était hors de question que j'arrête. Surtout depuis que je m'étais rendu compte de toutes mes faiblesses... Cette fille qu'on avait ramenée était forte, c'était un fait, mais moi, j'étais loin d'être brillant. Je suis sûr que si les autres n'avaient pas été là... Je soupirai, agacé, et glissai mes mains dans mes poches. Je n'arrêtai pas de m'améliorer, d'être de plus en plus rapide... Et pourtant, rien n'y faisait. Je me sentais incapable, comme jamais. Je manquais certainement de confiance en moi... Ce qui était ironique, étant donné que jusque là, je n'avais toujours été qu'un pauvre idiot vantard et imbu de lui-même. Un nouveau soupir, et je me décidai enfin à relever la tête pour regarder ou je marchai.
C'est alors que je la vis. Elle.
Rayonnante au milieu de la cour.
Plus belle qu'un Ange, plus douce même.
Si parfaite...
Je me mordis la lèvre inférieure, sentant mon cœur se serrer. Je sentis mes poings se serrer dans mes poches. Je ne contrôlai même plus mes gestes...
Je secouai finalement la tête, et continuai ma route, comme si je ne l'avais pas vu, fuyant son regard envoûtant.
Ce qui, bien sûr, était idiot. Je m'étais fait nettement plus de mal que si je lui avais dit bonjour... Ou si j'avais au moins tenté de le faire.
Mais non, j'avais décidé de tracer.
Quel abruti, bordel !
Je passai à côté d'elle, silencieux. Toutes les personnes présentes dans la cour disparurent. Tous les bruits, tous les objets. Tout. C'était aussi simple que ça.
Le temps s'était arrêté, et je passais à côté d'elle avec une lenteur étonnante. La réalité ? Cet instant avait duré moins d'une seconde. Mais je ne pouvais que croire le contraire.
Car pour moi tout s'était figé. Son odeur m'avait transpercé tout entier, comme si je m'étais baigné dans une eau glacée et que cette glace avait traversé ma peau en un millier de picotements. Bien sûr, l'image que j'en fais en abstraite, idiote et même totalement ridicule. Mais comment voulez-vous que je pense correctement, avec cette fille à quelques mètres derrière moi ?!

**Mist** Lun 7 Juin - 22:59

Il était bien tôt ce matin alors que j'étais partie courir. Comme d'ordinaire depuis mon retour, je me levais avant le Soleil et partais en admirer le lever loin de la fenêtre de ma chambre. Sans doute une manière futile d'oublier les matins baignés de ces rayons où j'avais ouvert les yeux avec Son parfum et Sa présence, Son sourire et Ses regards. Je fuyais cette Tour porteuse de trop bons souvenirs, que je substituais à la lutte silencieuse entre l'heure des étoiles et l'heure du rossignol.
Cette comparaison m'avait fait sourire. Même involontairement, je pensais à l'amour, le plus beau des maux, la plus douce des agonies, la plus douloureuse des extases.
"JULIETTE:
Veux-tu partir ? Ce n'est pas encore le jour.
C'était le rossignol, non l'alouette,
Qui perçait le tympan craintif de ton oreille.
Il chante chaque nuit sous ce grenadier.
Crois-moi, mon bien-aimé, c'était le rossignol.
ROMÉO :
C'est l'alouette, hélas, messagère du jour,
Et non le rossignol. Vois, mon aimée,
Quelles lueurs là-bas, ourlent envieusement
Les nuages à l'est et les séparent.
Les flambeaux de la nuit se sont consumés et l'aube joyeuse
Touche du bout du pied le sommet brumeux des collines.
Je dois partir et vivre, ou rester et mourir"

Pour quoi ces vers me venaient-ils à l'esprit maintenant ? Pourquoi ne pouvais-je m'empêcher de penser à Lui et à l'amour ? Pourquoi ne pouvais-je me contenter de ce que je n'avais déjà ? ... Le Soleil s'était levé, j'avais décidé de partir, pensive, soucieuse.
Kudan était resté dans ma chambre, silencieuse et grise déjà des lueurs de l'aube. Je traversais cette immensité, mes cheveux voletant doucement autour de moi, mon regard vers le ciel rougeoyant et le Soleil paresseux.
J'atteins finalement la cour une heure plus tard, je ne m'étais vraiment pas pressée. La rosée du matin imbibait mes vêtements et j'avais un peu froid, peu m'importait, ma chambre n'était plus très loin.
Je baissai la tête vers la Cour que j'imaginais vide, comme tous les matins ordinaires de ma spirale d'habitude. Cependant ce matin il y avait quelqu'un. Un parfum. Une cadence de pas. Je sentis mon coeur faire un bond non contrôlé dans ma poitrine, mon ventre se serra à sa simple vue. Il était toujours aussi beau. Mes yeux à peine détournés de lui, je le voyais déjà en entier. Il semblait rentrer d'un entraînement, sur ce point nous étions similaires. Ses yeux me transperçaient alors qu'il ne me regardait certainement pas, tout son être me faisait chavirer de l'intérieur sans même qu'il ne m'approche.
Il passa à mes côtés sans rien dire. Un sourire, mi-amer, mi-heureux, étira mes lèvres. Une douce chaleur m'habitait, sa présence seule ayant déjà ensoleillé toute mon âme.
Je n'avais plus froid.
Mes yeux se fermèrent, je profitai de l'éclat de bonheur qui m'avait habitée, attendant qu'il s'en aille comme à l'ordinaire.

**Dark** Lun 7 Juin - 23:17

J'avais vraiment voulu ne pas la déranger. J'avais voulu tenir, vraiment. Mais mes pas, au fur et à mesure que j'avançai, se faisaient plus petits. Ma course se ralentit jusqu'à ce que je finisse par m'arrêter. Mes poings, toujours serrés dans mes poches, commencèrent à trembler légèrement, sûrement dû au fait que je les serrais trop. Ma tête se tourna avec lenteur dans sa direction, et je l'observai du coin de l'oeil. Je fermai alors durement les yeux, et sortis une main de ma poche pour me donner un violent coup de paume sur le front.

-Bordel, mais quel con ! m'écriai-je pour moi-même.

Je me mordis la lèvre inférieure. Visiblement, je n'y étais pas allé de main morte, car un léger goût de sang se répandit dans ma bouche. Je pestai, et me téléportai alors vivement devant elle, sans prévenir. Je ne lui laissai même pas le temps de réagir et je passai une main sur sa nuque, l'autre autour de sa taille, pour la tirer contre moi, posant ma tête sur son épaule, fermant les yeux. Je la serrai, effrayé à l'idée qu'elle s'en aille. Je ne voulais pas... Non, je ne voulais pas...

-Désolé...

Désolé d'être si égoïste. Désolé de t'empêcher de vivre ta vie. Désolé de t'embêter avec la mienne.
Désolé pour tout.
Je continuai à la blottir contre moi, fermant les yeux et respirant à plein poumon son odeur qui m'avait tant manquée. Je me mordis la lèvre inférieure, refusant que le sang qui en coulait vienne tâcher ses vêtements. Elle était... Tellement belle. Trop belle pour que je la salisse avec mes conneries.

-Laisse-moi... Être un parfait imbécile pendant quelques minutes encore, s'il te plaît...

Collé à elle, je sentais contre moi ce collier que je haïssais plus que tout au monde. Je tentai de l'ignorer autant que je pouvais, mais ce sentiment de jalousie m'emportai à chaque fois. Me droguer à son odeur n'était-il pas suffisant ? J'avais envie de l'arracher, de le jeter, de le détruire et de ne plus jamais le revoir... Mais... Mais...
Comment pouvais-je le faire, en sachant que ça lui ferait de la peine ?
Je n'étais certainement plus rien pour elle, alors pourquoi me permettrais-je de lui arracher les choses auxquelles elle tenait ?
J'inspirai longuement.
Encore...
Encore un peu plus longtemps, s'il te plaît...

**Mist** Lun 7 Juin - 23:44

Mon instant de bonheur ne s'était pas évaporé. Étrangement, il était resté avec moi, contre mon coeur, se collant à mon âme avec force. Pourquoi en avait été il ainsi ? Je ne l'avais su que plus tard. J'avais entendu Dark s'emporter, jurer, puis se téléporter. J'avais pensé à cet instant qu'il me fuyait ... Avant de me retrouver blottie contre son torse.

Mon coeur avait fait un bond dans ma poitrine, j'avais étouffé un hoquet de surprise, et, mon front posé contre son coeur battant, j'avais les yeux écarquillés, les bras pliés contre moi, comme une dernière barrière entre nos deux corps qui ne réclamaient que le contact.

Il s'excusa, je ne répondis rien. Il n'avait pas à s'excuser... Je n'en croyais pas mes yeux, mes sens. Son parfum m'avait envahie toute entière, ma respiration, d'abord saccadée par la surprise, s'était adoucie et calmée; je me sentais complète, bien, ce matin, au milieu de la cour, dans l'espace clos de ses bras qui ne semblaient que vouloir nous effacer du monde extérieur.

Mes poings serrés se détendirent, et bientôt ce furent mes paumes que je posai sur son torse. Je fermai les yeux, bercée. Je ne voulais pas comprendre. Juste profiter de l'instant. Lorsqu'il me parla, faisant vibrer sa peau sous mon oreille et contre ma joue, j'eus un léger sourire qu'il ne vit pas. Je voulais être imbécile avec lui, je voulais m'abandonner toute entière à ce sentiment de plénitude et de bonheur qui m'envahissait.

Soudain, mon pendentif, coincé entre nous, sembla penser plus lourd encore autour de mon cou. Le métal doré semblait transpercer, brûler ma peau, comme pour me signifier que je ne devais pas me laisser faire. Je ne devais pas Le laisser faire... Il faisait une bêtise. Il était heureux, lui, désormais. Et mon bonheur à lui m'importait moins que le sien, tellement moins.

Je rassemblai toutes mes forces, clignai fort des paupières comme pour mobiliser mon esprit embrumé par l'abandon dont je faisais preuve. Des larmes m'en vinrent, que je contins. Mes yeux étaient brillants, je me forçai à les ouvrir. Lentement, je dépliai les bras, prenant appui sur son torse sous mes paumes, pour me détacher de lui. L'air qui passait entre nous était tiède, réchauffé par nos deux corps autrefois en contact.

Je baissai la tête, m'étant finalement détachée de lui.

- Tu ... Ne fais pas ça, lui soufflai-je.

Je relevai les yeux vers lui, mes yeux verts embués de larmes de frustration.

- Je peux pas te laisser faire ça ... lui dis-je en me forçant à le regarder, lui et son regard tentateur, lui et ses lèvres ensanglantées, lui et son expression à fendre l'âme, entre la tristesse et l'envie, le désir et la douleur.

**Dark** Mar 8 Juin - 1:13

Je m'abandonnai complètement à elle, blotti contre son corps tiède. Je perdais le contrôle de mon corps, ne laissant parler que mon cœur, oubliant ma raison pour des sentiments trop longtemps refoulés.
Lorsque je sentis qu'elle répondait à mon étreinte, mon cœur sursauta une dernière fois avant de me lâcher. Je souris, emporté par cette vague de soulagement.
Et puis, elle s'éloigna de moi, me repoussant doucement avec ses petites mains si fragiles. Ne vous a-t-on jamais dit que toutes les belles histoires ont une fin ? J'aurais aimé qu'on me le répète plus souvent.
Je la dévisageai, détruit. Ce bonheur éphémère n'avait pas duré assez longtemps pour que je guérisse complètement de ces longs mois de lente agonie, livré à moi-même, cette drogue qui me permettait de survivre envolée. Je fronçai finalement les sourcils, ravalant douloureusement ma salive.
Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'elle m'avait repoussé ? Pourquoi est-ce qu'elle me disait tout ça ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi...?
Je fermai lentement les yeux, clôturant mon esprit dans un monde à moi, refoulant ces sentiments de vide qui m'envahissaient. Les paupières closes, je me perdis dans le néant. Je me focalisai sur les battements qui redevenaient peu à peu régulier de son cœur, tentant vainement de me représenter une Mist heureuse, souriante... Amoureuse.
... Amoureuse de moi.
La personne qui lui avait offert ce coller, je la haïssais. Je crois même n'avoir jamais détesté quelqu'un à ce point. J'étais énervé, enragé, hors de moi... Mais surtout jaloux et impuissant.
Derrière mes paupières, je sentis mes yeux me brûler, mais je refrénais cette colère. Après quelques longues secondes de silence, je rouvris finalement les yeux, serein. Je posai mon regard sur elle, observant ses yeux à l'expression si triste et si douloureuse.
Étonnamment, au lieu d'être prêt à sauter sur le premier mec qui aurait le malheur de s'approcher, j'étais... Calme. Aucun de mes muscles n'étaient contactés. J'avais même l'impression d'être... Envahi par un sentiment étrange de douceur.
Je lui souris, posant délicatement mes mains sur ses joues. J'essuyai avec précaution les larmes qui embuaient ses yeux, et, cédant à la tentation, continuai à lui caresser doucement le visage alors qu'il n'y avait déjà plus aucune trace de larme dessus. Je passai une main dans ses cheveux, retrouvant avec bonheur leur texture si soyeuse.
Je fis glisser mon autre main jusqu'à son menton, le saisissant avec précaution entre mes doigts. Je plantai mon regard dans le sien, ne contrôlant absolument plus rien de mes gestes.
La seule chose que je retenais, c'est que j'avais été, pour une fois dans ma vie, capable de repousser cette rage qui m'envahissait.
Un sourire en coin étira alors mes lèvres. Je m'approchai dangereusement de ses lèvres, ne la lâchant toujours pas des yeux.

-Je n'en ai strictement rien à foutre, tu sais ?

Un faible rire m'échappa, et je fermai doucement mes yeux pour m'apaiser un instant, avant de les rouvrir et de terminer ce que j'avais entrepris.
Je continuai à m'avancer, et, à quelques centimètres de ses lèvres, alors que tout en elle m'envahissait à une vitesse affolante, je murmurai :

-Je suis un imbécile égoïste... Et si après ça, tu me détestes, je m'en tape complètement.

Je soufflai doucement, et terminai :

-Je refuse de m'en vouloir toute ma vie pour ne pas avoir fait ce que j'aurais dû faire. Je préfère n'avoir aucun regret.

Je souris une dernière fois, avant de m'emparer de ses lèvres avec passion et tendresse. Je lâchai son menton et passai ma main autour de son bassin, laissant l'autre glisser dans ses cheveux. Le contact de sa peau contre la mienne me manquait trop, et depuis que j'y avais re-goûté, j'étais incapable d'y résister. J'étais resté trop longtemps à m'en priver. Tout en elle avait entraîné chez moi une addiction, et j'étais désormais dépendant, tel un drogué avec sa cocaïne. A la seule différence que ma drogue à moi, c'était elle. Elle et mon amour qui l'accompagnait et l'accompagnerait partout où elle irait.
Lorsque je me détâchais de ses lèvres au goût sucré et amer en même temps, je lui adressai un mince sourire. Je posai mon front contre le sien, et, avant de fermer les yeux, je baissai le regard sur son collier. Peu importe qui lui avait offert. Jamais, oh grand jamais, je ne perdrais face à cette personne. Que ce soit une cadeau d'amitié ou d'amour...
Il était trop tard maintenant pour que je fasse demi-tour. Peu importe les bûches qui allaient se mettre en travers de ma route. J'étais déterminé, et j'avais bien l'intention de le prouver.
Et j'allais commencé par m'expliquer avec Léonie. Lui expliquer, être sincère avec elle, m'expliquer. J'allais faire tout ça et... Une fois ceci fait, j'allais reconquérir Mist. Qu'elle me déteste ou non, cela m'importait peu, car j'allais tout faire pour que cela change.

**Mist** Mar 8 Juin - 21:31

J'avais été tout simplement pétrifiée. Pétrifiée par son regard calme et confiant, par cet amour que je lisais au fond de ses yeux. Pétrifiée par l'intonation de sa voix, par son parfum.
Pétrifiée par ses gestes.
Ses mains avaient tracé des courbes enflammées tout au long de leur parcours sur mon corps si fragile, si fragile entre ses bras qu'il avait de nouveau refermés sur moi. Je l'avais fixé droit dans les yeux, ses orbes violettes qui me faisaient voir un monde passé et espérer un monde futur. Un monde plein de ses sourires et des miens, accordés dans une même harmonie.
Son regard m'avait clouée sur place, avait cloué mon coeur au fond de mon corps, sans que je puisse le contrôler.
Et puis il s'était approché. Chaque centimètre qui nous séparait en moins, et je le voyais avec plus de force et plus de puissance, son parfum, tout son être.

- Ne fais pas ç... avais-je tenté de dire alors qu'il s'était emparé de mes lèvres.

Ses lèvres contre les miennes ... Elles étaient si douces, si désespérées. Leur goût sucré mélangé à celui du sang qui s'en écoulait était comme une découverte pour moi, tant je m'étais persuadée de l'avoir oublié. Mon coeur s'envola, décolla littéralement. J'aimais tellement ça ... Surprise encore une fois, ne comprenant plus rien, je m'étais laissée bercer par cette sensation infinie, que j'avais tant rêvée et réclamée. Je lui avais rendu son baiser, ayant fermé les yeux, bercée, sereine, heureuse.
Cependant, la réalité m'avait une fois de plus rattrapée, alors qu'il achevait son baiser, que je le sentais qui s'éloignait déjà de moi. Cette réalité me frappait de plein fouet, me faisait mal, me tordait le ventre.
Mais je ne voulais pas m'en soucier.
Je voulais tout oublier, arrêter de penser, seulement agir, faire ce que mon coeur me hurlait de faire, je voulais suivre cette vague de bonheur qui m'envahissait et qui me poussait à m'abandonner encore plus dans ses bras, à lui rendre ses baisers, à tout oublier, oublier la douleur, oublier le futur, ne penser qu'à maintenant, et rien d'autre.
Grisée, je me laissai emporter.
Je goûtai, les yeux toujours fermés, à la sensation de son front contre le mien avec délice. Deux voix se battaient en moi : mon coeur et ma tête...

- Je ne te déteste pas... soufflai-je avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

Je l'embrassai doucement, ma respiration s'accélérant contre ma volonté.

- Arrête ... moi ... arrivai-je à articuler entre deux baisers. Je ne veux pas que tu fasses ... de bêtise ... dis-je finalement avec difficulté, me battant contre moi-même.

J'avais beau me battre de toutes mes forces, je ne pouvais me détacher de lui, je ne pouvais pas arrêter d'en vouloir toujours plus, plus de son étreinte, plus de ses bras, plus de son parfum, plus de ses regards ... J'ouvris les yeux, le fixai, soudain consciente de ce que j'avais fait. Je devenais folle. Il me rendait folle ...

- Pardon, soufflai-je, tétanisée une fois de plus par ses yeux.

J'arrivai finalement à me séparer de lui, haletante. Je me reculai, passai ma main sur mon visage, abattue, détruite par mes actes. Je restai ainsi, pantelante, faible, tenant à peine sur mes jambes coupées par le trop-plein de sentiments que j'avais ressenti en cet instant. Je baissai lentement les yeux, n'osant plus, n'arrivant plus à le regarder. Je pensais trop à Elle... Elle a qui je ne voulais pas faire de mal.

**Dark** Mar 8 Juin - 23:05

Je ne pus m'empêcher de sourire lorsque je sentis qu'elle répondait à mon baiser, et qu'elle... En redemandait encore. Sous une telle insistance, je ne pouvais que céder, non ?
Je caressai doucement ses cheveux, passant délicatement ma main sous son t-shirt pour pouvoir sentir la sensation de sa peau sur la mienne.
Et puis, encore une fois, tout s'effondra. Elle s'arrêta brusquement, pour une raison que j'ignorai encore. Mes derniers espoirs s'envolèrent, et je la dévisageai, perdu dans son labyrinthe. Que cherchait-elle à la fin ? Bordel, pourquoi disait-elle oui pour enchaîner sur un non ?!
Mes yeux, penchant vers le doré, se stoppèrent sur son pendentif. C'était ça, la cause ?
Commençant à ressentir à nouveau la colère m'emporter, je serrai les poings et détournai le regard. Putains d'yeux, restez comme ça ! J'veux pas qu'elle s'en rende compte...
Je fermai durement les yeux, tentant vainement de me calmer. Sauf que tout le contraire se produisit. En fermant les yeux, je voyais un mec... Non, une silhouette, à côté d'elle, la tenant par la taille. Je rouvris mes yeux, désormais dorés et emplis d'une rage à peine contrôlable. Je tournai lentement la tête vers elle et plantai mon regard dans le sien. A présent, c'était par la colère que mon coeur était emporté. Par la colère et par la... Jalousie.
Je m'approchai, malgré ses avertissements, et lançai brutalement, ne mesurant pas ma voix et mes gestes :

-Pourquoi t'arrêtes toujours ?! Et pourquoi tu t'excuses ?!

J'attendis un instant sa réponse, la fixant sans rien dire, avant de prendre violemment entre mes doigts son collier. Je l'observai un instant, amer, et le serrai dans ma main, cherchant à le comprimer. Je fermai les yeux, refusant ce que je prenais pour la réalité.

-C'est à cause de ça ? A cause du mec qui t'a offert ce truc ?

J'étais certain que c'était un gars... Sinon, pourquoi... L'aurait-elle caché dans le train, durant la mission ? Je rouvris les yeux, laissant glisser ma main vers le bas pour m'éloigner de quelques pas, laissant le pendentif venir se cogner contre sa peau si blanche. Je fuyai son regard, refusant d'aller y lire la réponse à mes questions. Je jurai et glissai mes mains dans mes poches, tournant la tête.

-Tch...!

Je l'observai du coin de l'oeil, avant de reporter mon attention sur le sol.

-J'comprends pas, merde à la fin ! Pourquoi j'ferais une connerie, hein ?! Réponds quand j'te parle !

**Mist** Mar 8 Juin - 23:48

Ses yeux dorés remplis de haine me firent peur. Je n'avais jamais ressenti quelque chose comme ça vis à vis de Dark, il ne m'avait jamais autant effrayée. Ses gestes qui étaient toujours si doux, si tendres et mesurés ... Le voir s'emporter ainsi contre moi me terrorisait. Il avait saisi mon pendentif d'une manière si violente, que j'avais craint de ne plus jamais revoir le bijou comme avant une fois qu'il l'eut lâché.
Puis il se mit à crier, à s'emporter contre moi. Le contraste avec la scène précédente se figeait dans ma mémoire : Ce n'était pas une dispute comme on avait pu en avoir, non. Ici, les sourires et les baisers avaient fait place aux gestes d'emportement et aux regards haineux.
Je sentais la jalousie briller au fond de ses yeux lorsqu'il prononça la phrase "A cause du mec qui t'a offert ce truc", puis finalement un emportement non contrôlé emporta sa raison lorsque ce fut sur moi qu'il se mit à vociférer.
Je serrai les poings, secouai la tête. J'avais beau l'aimer plus que tout au monde ... Je détestais qu'on me donne des ordres. Je relevai vers lui un regard déterminé, bien décidée à ignorer ses pupilles dorées qui me transperçaient.

- Arrête de me dire ça sur ce ton, commençai-je d'une voix déchirée par la douleur.

Je secouai la tête, doucement.

- Ce n'est pas pour lui que je fais ça.

Je relevai la tête vers lui.

- C'est pour Elle. Tu ne peux pas lui faire ça. Parce que ... Parce que ... balbutiai-je.

Je me mordis la lèvre inférieure. Je devais lui dire. Peu en importaient les conséquences, je devais le faire.

- ... Parce que je sais ce que ça fait de te perdre ! Et je ne veux pas qu'elle ressente la même chose ! Le même vide, la même douleur, la même agonie, non, je ne veux pas ! Elle ne le mérite pas, tu ne peux pas lui faire ça ! dis-je alors que ma voix avait petit à petit pris en intensité.

J'essuyai le début de larmes qui avaient perlé à mes yeux, rageuse de cette faiblesse que j'affichais encore et encore.

- Je ne souhaite à personne une telle douleur, soufflai-je doucement. Et ... J'ai beau ... Mourir d'envie ... que ce soit à moi qu'ils soient destinés, je ne peux pas. Je ne peux pas parce que ça la rendrait malheureuse. Moi je me suis faite à la douleur, au final, je m'y suis habituée, dis-je en le fixant avec un air désolé. Mais elle ... Je ne veux pas qu'elle en connaisse ne serais-ce que l'esquisse. Ça la détruirait comme ça m'a détruite moi.

Je le fixai, mes yeux d'une dureté implacable.

- William a tenté de me sauver. Mais en essayant il en est mort. Voilà pourquoi je garde "ce truc" autour de mon cou. Parce que comme ça chaque fois que je me regarde dans la glace, je comprends que jamais plus je ne pourrai être à toi.

Je le regardai longuement, mon regard s'adoucissant.

- Et voilà pourquoi je suis désolée.

Et je fis volte face.

**Dark** Mer 9 Juin - 0:39

Je recevais chacune de ses paroles avec violence, l'impact de sa voix me déchirant chaque fois un peu plus. Ses paroles, les gestes qui accompagnaient... Tout me détruisait. Lorsqu'elle coupa court à sa tirade pour faire volte face, je la regardai partir, incapable de faire quoi que ce soit.
Ce... William... Je le haïssais. Je le haïssais au plus haut point. Il avait eu le droit, lui, d'être auprès d'elle, alors que j'avais tout ravagé en elle. Alors que j'avais fait la pire connerie de ma vie, ce mec avait eu la possibilité de la voir sourire et rire... De la voir vivre. Alors que moi, je n'avais le droit qu'à sa chambre vide.
Elle s'éloigna, petit à petit.
J'avais d'ores et déjà décidé de tirer ça au clair avec Léonie. Et j'étais certain qu'elle comprendrait. Après tout, je ne voulais pas la perdre. Je voulais continuer à être proche d'elle, mais d'une autre façon... Parce qu'après tout...
Je soupirai. Elle était désormais hors de ma vue. Je baissai les yeux, sentis mes poings se serrer.
Au bout d'un instant, son collier se retrouva dans ma poche. Après tout, je suis un voleur, non ? Et ce serait bête que cette faculté à téléporter les objets ne me serve pas.

-Désolé... murmurai-je.

Je ne pouvais tout simplement pas accepter que tu portes ce collier. C'était au dessus de mes limites. T'avais appris à souffrir... Et la douleur que cela m'apportait de savoir ça laissait dans mon coeur un trou béant.
C'était de ma faute. Entièrement de ma faute. Si je n'avais pas été si... con... Il n'y aurait pas eu ce mec. Il n'y aurait pas eu ce collier, ni même Léonie...
Il n'y aurait pas eu tous ces mois d'étrangetés.
Je serrai le pendentif dans ma main, et me téléportai dans ma chambre, allant m'enfermer dans ma salle de bain. Peut-être allait-elle revenir récupérer l'objet...? Je n'en savais trop rien.
En attendant, j'ouvrais un tiroir et le jetai à l'intérieur.
William, William, William... Tu es mort et c'est tant mieux. Le problème, c'est que les sentiments de colère qui m'envahissent lorsque je pense à toi sont au présent... Alors que tes pieds ne foulent même plus la terre de cette planète. Tu es perdu à jamais et pourtant je te haïs...
J'espère que tu es au Paradis. L'Enfer, c'est trop cool pour toi. Je te connais pas, mais et alors ? Je te haïs, c'est suffisant. A cause de toi et de ton putain de collier... Je ne pourrai plus jamais L'avoir auprès de moi !
Je tapai mon poing contre le mur. Fais chier. Je le déteste...

-Je... t'aime, moi, murmurai-je finalement en me laissant tomber assis sur le rebord de la baignoire.

**Mist** Mer 9 Juin - 19:27

Alors que je faisais volte face, que je m'éloignais de lui et de son aura à la fois sublime et destructrice, je crus entendre sa voix souffler quelque chose, puis, plus rien. Mon cœur se serra. Avais-je espéré qu'il me retienne ? Je n'en savais trop rien.

Soudain, il y eut ce souffle, comme une caresse de ses mains autour de mon cou, comme des mots tendres dans le creux de mon oreille, une brise d'été contre ma peau.

Le frottis du métal doré contre ma peau disparut. Je portai ma main à mon cou, surprise, me retournai pour tenter de l'apercevoir, de comprendre ... Je n'eus pour réponse qu'un dernier regard de sa part.

Ma main restait à palper mon cou, comme si je cherchais encore et encore ce collier qui était, au final, tout ce qu'il me restait. Ce qui, chaque matin, me confirmait que jamais plus je ne serais à Lui. Ce qui, chaque matin, me faisait penser à Lui avec plus de force... La seule chose, la seule chose que j'avais trouvée pour remplacer la larme d'Asha, la seule chose qui me lie encore à Dark, non plus par amour, mais par perte. La seule chose qu'il me restait de ses sourires, la seule chose qui me remémorait chaque matin mes souvenirs heureux.

Avoir fait du cadeau de William une façon de penser à Dark était sans doute égoïste et tout simplement affreux... Cependant, je n'avais eu que ça à quoi me raccrocher lorsque Will' était mort.
Je serrai les poings, sentant gronder en moi un profond sentiment d'injustice et de colère. Pourquoi, pourquoi jouait-il avec moi de cette manière, pour me faire souffrir encore ? Comment pouvait il être aussi cruel ? Comment pouvait il croire qu'en si peu de temps un autre aurait pu ne serais-ce que l'occulter tout au fond de mon cœur ?

Je ne fuirai pas. Il devait me rendre ce collier. C'était tout ce qu'il me restait, tout ce que j'avais réussi à reconstruire sans Lui, sans Lui puis sans William.

Je ne savais pas où il était, il aurait pu se téléporter n'importe où ... Je fermai les yeux, me concentrai pour tracer la piste énergétique qu'il avait laissé en partant. Je n'avais jamais fait ça, mais mes sentiments débordants me donnaient des ailes. Lorsque je les rouvris, ils étaient dorés étincelants, et je savais où aller.

J'atterris, silencieuse, dans sa chambre à peine éclairée par les rayons du matin. Son parfum, qui était partout dans la pièce, me fit l'effet d'un calmant, et mes yeux, sans que je contrôle quoi que ce soit, redevinrent verts. J'avais, brusquement, envie de rester là, tout simplement, sans rien faire, juste pour respirer son odeur qui voletait doucement dans la pièce.

J'entendis un souffle, un souffle si faible qu'il m'en brisa le coeur, dans la salle de bains qui était fermée. Je ne voulais pas y entrer, aussi restai-je juste à la porte. Ma main glissant le long de la surface en bois, alors que mon front était posé doucement dessus.

- Dark ... soufflai-je avec une voix retenue par le chagrin, ce chagrin de le voir jouer avec mes sentiments. Mon collier... S'il te plaît, rends le moi ... Tu ne peux pas me le retirer je t'en supplie ...

Je ne pus aller plus loin, un sanglot m'ayant empêchée de parler.

- C'est ... c'est tout ce qu'il me reste ... réussis-je finalement à articuler.

**Dark** Mer 9 Juin - 19:55

A l'entente de sa voix, je manquai de tomber dans mon bain, me retenant au dernier moment. Souffrant du ton suppliant de ses paroles, je posai mes yeux sur le tiroir où j'avais jeté le collier. Je ne voulais pas le rendre. Il en était hors de question.
Mon regard dériva sur la porte, derrière laquelle je devinais sa frêle silhouette si fragile à cet instant. Je fermai durement les yeux, serrant violemment mon t-shirt devant mon cœur qui me déchirait le thorax. Bordel, pourquoi tenait-elle tant à cette babiole ?! C'était... Si moche, à mes yeux.
Je me levai finalement, et vins poser lentement ma main contre la porte, sachant pertinemment qu'Elle se trouvait derrière. Avait-elle entendu mes dernières paroles ? A cette pensée, mon cœur rata un nouveau battement.
J'avais tellement envie de céder à la tentation, d'ouvrir la porte et de la serrer contre moi. Mais je ne pouvais pas... Ca n'allait servir à rien. Encore une fois, elle allait se reculer après m'avoir laisser espérer quelques secondes. Elle allait me dire de penser à Léonie, puis allait me parler de ce... de cet abruti de William.
Je rageai silencieusement, finalement heureux de ne pas avoir ouvert la porte. Au moins, elle ne pouvait pas me voir... Et c'était bien mieux ainsi.
Je laissai glisser ma main le long de la porte, jusqu'à ce que mon bras retombe le long de mon corps. Je baissai la tête, fixant le sol.

-Je vais... casser, avec Léonie, déclarai-je finalement en ignorant ce qu'elle m'avait demandé précédemment.

Je ne saurais dire pourquoi j'avais décidé de tout lui avouer là, maintenant. Comme ça, surtout. Mais j'avais l'impression qu'il fallait que je lui dise. Je ne devais pas lui cacher, je devais tout lui dire.
Je laissai quelques secondes s'écouler, fermant les yeux pour laisser une image heureuse de Mist s'afficher dans ma tête. Une manière de m'encourager, en somme. De me soutenir aussi...

-Je ne veux...

Je serrai mon poing, rassemblant toutes mes forces, et rouvris les yeux, tentant désespérément de me contrôler. Je finis par me reculer de la porte, comme si en restant là, j'avais encore le pouvoir de la regarder dans les yeux. Ce que, à cet instant précis, j'étais totalement incapable de faire.
Mon cœur s'agitait, mon rythme cardiaque était totalement irrégulier. Je n'arrivais plus à rien, je me sentais incontrôlable. Et j'avais si honte d'être dans cet état...
A quelques mètres de la porte, de dos, je pris une grande inspiration, soufflai doucement, et déclarai enfin :

-Je ne veux pas te le rendre.

**Mist** Mer 9 Juin - 21:24

Je l'écoutai, ne voulant pas croire en ses mots. Je secouai doucement la tête, pour chasser de mon esprit l'espoir douloureux et envahissant.

- Tais toi ... soufflai-je. Tais toi, tais toi, répétai-je en sentant ma voix se briser un peu plus à chaque mot qu'il prononçait.

Les larmes me vinrent aux yeux. Il ne pouvait pas, il ne pouvait pas être aussi cruel. Pourquoi ? L'avais-je mérité ? Je n'en savais rien, mais je ne voulais pas qu'il soit aussi... triste. Triste, déchirant. C'était lui qui était parti, pourquoi était-il aussi malheureux ? Pourquoi est-ce que j'entendais son ton douloureux, ses hésitations, les souffles rauques de sa gorge, pourquoi est-ce qu'il me semblait entendre le vol irrégulier de son coeur à travers cette porte, cette maudite porte ?

Je me laissai tomber à genoux devant cette porte, ma prison, face à Dark que j'imaginais, Dark, geôlier de mon coeur, gardien de mon âme. Ma main glissa doucement sur mon ventre, avant de retomber contre mon corps, en silence. Mes yeux violemment fermés faisaient tout pour retenir mes larmes, tandis que je sentais ma respiration s'accélérer en mouvements désordonnés, miroir de la sienne, à la différence près que j'en avais mal à en mourir. Je faisais un début de crise, comme à chaque fois que sa présence se faisait trop lointaine et oppressante, trop douce et trop belle, trop douloureuse, tout simplement.

Je me retournai, posai mon dos contre la porte, pris ma tête entre mes mains, les dents serrées, mon corps agité de légers soubresauts, mes sanglots me secouant toute entière malgré mes efforts. j'étais donc encore si faible, face à lui ? Je n'étais donc, au final, toujours et encore, face à lui, que cette poupée vide et brisée ? Je me forçai à ouvrir la bouche pour articuler :

- Pour... Pourquoi ?... Pourquoi ... est-ce que ... tu me fais aussi mal, hein ?... Pourquoi ?... Pourquoi es-tu aussi ... cruel ? Pourquoi ... Pourquoi... Pourquoi, Dark ?! Dis... moi ... pourquoi ... Tu ne veux pas ... Que je m'en aille ...

Je réfrénais mes larmes, posai ma tête contre la porte, les yeux levés vers son plafond, les yeux clos, goûtant une image de lui conservée par ma mémoire défaillante. Un sourire, un rire de sa part, toute sa figure animée d'une même mouvement de joie. Ma crise diminua légèrement d'intensité.

- Donne moi ... Une raison d'y croire, soufflai-je, une main agrippant mon tee-shirt au niveau de mon coeur douloureux, tentant de comprimer ma poitrine qui se soulevait irrégulièrement.

Un faible sourire étira mes lèvres. J'avais mal. Tellement mal ... Je ne voulais rien lui montrer, je voulais qu'il m'explique, je voulais comprendre, savoir. Mes pensées embrumées dérivèrent vers mon rêve, mon si beau rêve. J'eus un rire amer, un éclat de rire désespéré et faible.

- Un si beau rêve... soufflai-je pour moi seule, resserrant ma prise sur mon haut.

**Dark** Mer 9 Juin - 22:49

Sa voix saccadée me tordis le ventre. Sans prêter un instant attention à mes gestes, j'écoutais chacune de ses phrases, analysais chacun de ses mots, m'imaginais ses lèvres bouger en même temps qu'elle parlait.
Lorsque je revins à mes esprits, j'étais accroupi au sol, le regard dans le vide. Je me laissai finalement tomber en arrière, posant un bras sur mes yeux que je fermais. J'étais totalement détruit. Le peu d'espoir que j'avais encore venait de filer entre mes doigts, à cause de ses paroles que j'avais osé dire. Je me mordis la lèvre inférieure, faisant jaillir le sang de ma précédente plaie qui avait déjà commencé à cicatriser. Je voulais me faire mal, souffrir, au moins autant qu'elle, je la faisais souffrir.
Parce qu'elle me l'avait dit. Je suis cruel. Je lui fais mal. A cause de moi... Elle souffre tellement.
Je retirai mon bras de sur mes yeux et fixai le plafond, dénudé de tout sentiment.
Après de longues secondes de réflexion, je me redressai, et me relevai. J'observai vaguement le tiroir dans lequel j'avais jeté l'objet qu'elle était venu chercher, et je détournai le regard sur la porte, le téléportant dans ma main. Je m'approchai lentement de la porte, et posai ma main dessus. Je la laissai glisser jusqu'à la poignée, et je la tournai. Lorsqu'elle s'ouvrit, j'aperçus Mist, au sol, dos à moi, sanglotante, et si faible. Je serrai les poings, hors de moi, et me retins de ne pas me jeter sur elle pour la serrer pour la dernière fois de ma vie contre moi.
Je me baissai finalement, passai le collier autour de son cou, et poussai délicatement ses cheveux pour l'attacher.
Je fermai durement les yeux, savourant cet ultime contact qui provoquait dans tout mon corps des frissons douloureux. Je me relevai alors, et la dépassai doucement, m'arrêtant face à mon lit, dos à elle. Je glissai mes mains dans mes poches, et ne laissai aucun regard derrière moi.

-Désolé.

Je marquai une pause, luttant contre la tentation de la regarder au moins une fois.

-Désolé d'avoir abusé de toi. Désolé de t'avoir fait souffrir. Désolé d'être cruel. Désolé pour tout.

Je fermai durement les yeux, et ravalai doucement ma salive, m'apprêtant à enfin avouer ce que je m'étais refusé à accepter depuis que je l'avais revu.

-Désolé... D'avoir continuer à espérer alors que tu me détestais à présent.

Mes poings serrés dans mes poches tremblèrent, résultat de la tension qui m'habitait à cet instant. Je tentai de ne rien laisser paraître, m'interdisant de me montrer une nouvelle fois énervé devant elle.

-Pour... te répondre... dis-je enfin. Si tu cherches une raison "d'y croire"... Alors sache que moi, même encore maintenant, après tout ce que j'ai osé te faire, je t'...

Je me stoppai, livré à la rage qui m'habitait à cet instant. Mon poing droit craqua, je serrai les dents sous la douleur, retenant un léger cri. Putain... Ca fait mal. Et pourtant... Là, j'ai encore plus mal au cœur qu'à ce foutu poing.

-Va-t-en... Je t'ai rendu le collier, tu n'as plus rien à faire ici, déclarai-je, amer.

**Mist** Mer 9 Juin - 23:33

La porte s'était ouverte sur une aura pleine d'amertume et de chagrin. J'avais senti ses doigts frôler ma nuque, et tout mon épiderme avait réagi à ce petit contact, m'arrachant un doux frisson. Dark, cependant, ne m'accorda pas un regard, et se plaça dos à moi, dur, froid. Chacun de ses mots était une épée plantée dans mon coeur. Sa dernière phrase, encore plus. Il était froid, distant.

Comme ce jour là, dans l'infirmerie. Il avait commencé par le même mot. "Désolé". Cet horrible, inutile et méprisable "Désolé". Je détestais ce mot, qui dans sa bouche sonnait comme une condamnation.

Je relevai la tête vers lui, serrai les poings, toute ma tristesse s'étant envolée, faisant place à la colère sourde qui m'avait accompagnée jusqu'à sa chambre. J'essuyai doucement le début de larmes qui avait perlé au coin de mes yeux, me redressai, me relevai lentement.

Je détestais cette situation. J'avais l'impression de revenir trois mois en arrière. Moi, seule et faible, accrochée à mes chimères, et lui, brisé et distant. Sauf que j'avais changé, entre temps. Je n'étais plus la même, tout ceci n'était pas qu'illusion, mon voyage, mes entraînements, ma vie passée loin de Terrae ne pouvaient être des illusions. C'était plus que réel, et j'avais changé.

J'avais cent fois, mille fois rêvé avoir la force de le rattraper ce jour là. Et l'occasion se présentait à moi de retenter ma chance. Je devais me battre.

Je le regardai, ne dis rien, immobile, durant quelques secondes. Puis soudain, ma voix perça, assurée.

- Je ne partirai pas.

Je passai à côté de lui, fis en sorte de me retrouver face à ses poings serrés compulsivement et à son regard fuyant que je tentais d'intercepter.

- Arrête de te cacher derrière tes excuses, grondai-je. Arrête de me manipuler deux secondes. Tu m'as quittée, je suis partie, et pourtant, alors que je reviens, je ne retrouve que l'ombre de ce que tu étais autrefois, et tes yeux sont pleins de rancœur et de jalousie !

Je le regardais, cherchant à comprendre, m'énervant de plus en plus à tenter de capter son regard.

- Arrête de me fuir ! Assume ce que tu veux me dire nom d'un chien ! Tu n'es qu'un sale égoïste, gamin capricieux qui ne supporte pas qu'on lui vole son jouet, voilà tout ! Tu crois que tu m'as perdue et ça te rend malade ! Mais je ne suis pas un objet, je ne suis pas une oeuvre d'art comme tu en voles si aisément ! Tu es le voleur volé et tu ne supportes pas ça ! dis-je, ayant définitivement abandonné l'idée de trouver son regard.

Je me reculai, me calmai quelque peu, enfin, tentai de me calmer.

- William a tenté de me sauver de toi, mais il n'a pas réussi et ça lui a coûté la vie ! Ce que tu n'as pas compris, c'est que tu ne m'as jamais perdue, Dark !! Tu es jaloux de William ? A ta place je ne prendrais pas sa place. Tenter de sauver une femme que l'on aime et qui en aime un autre, je ne souhaite ça à personne ! Alors arrête de t'excuser, s'il te plaît !

Je me rapprochai de lui.

- C'est moi, c'est moi qui vous fais souffrir, toi, puis lui, et encore toi maintenant ! C'est moi qui suis affreuse, c'est moi qui suis la pire des garces !! Alors rejette ta colère sur moi si tu le veux, mais arrête de t'en prendre à lui, et surtout, surtout, arrête de t'en prendre à toi !

Je pris son menton dans ma main, le forçai à me regarder. Je le lâchai, me reculai d'un pas, écartai légèrement les bras, le fixant droit dans les yeux, attendant qu'il fasse quelque chose. Voyant qu'il ne bougeait pas, je laissai retomber mes bras le long de mon corps, sans cesser de le regarder. J'attendais une quelconque réaction.

**Dark** Jeu 10 Juin - 0:00

L'énième monde que j'avais réussi à bâtir s'effondra pour l'énième fois de ma vie. J'écoutai les paroles de Mist, ne pouvant passer outre, fuyant autant que je le pouvais son regard, qui lui permettrait alors de définitivement me piétiner. Je n'étais désormais plus rien. Je n'étais plus qu'un corps vide, sans âme et sans coeur. Il m'avait lâché depuis bien longtemps, mon coeur...
Lorsqu'enfin, elle parvint à intercepter mon regard, ce fut l'acmé de ma chute. Je la dévisageai pendant quelques instants, avant de finalement répondre à ses accusations, perdu au fond du néant, et laissant le contrôle de mon corps à un autre-moi dont j'ignorais l'existence. De toute façon, moi... J'étais mort. Depuis qu'elle était revenu, je ne vivais plus. Alors, moi ou pas, quelle était l'importance ?

-William, William, William... Toujours ce foutu mec.

Je jurai, et transperçai son collier du regard avant de replanter mes yeux dans les siens. Elle y était enfin parvenu, alors comment pouvais-je lui retirer ce... bonheur ?

-Je te parle de Léonie moi ? Je te raconte tout ce qu'elle a fait pour moi ? Je te parle de Kay aussi ? De la manière dont toutes deux m'ont aidé à surmonter mes conneries ? Tch.

Je pestai, et me plongeai dans l'océan verdoyant de ses prunelles, me perdant à l'infini tandis que cet autre moi se lâchait complètement.

-Je vais arrêter de me cacher derrière mes excuses. Et je vais aussi arrêter d'être égoïste. Quoi encore ? Ah, oui ! Je vais arrêter de m'en prendre à moi aussi.

Je ne cessai toujours pas de la regarder, découvrant avec surprise la beauté et l'assurance qu'elle dégageait lorsqu'elle s'énervait.

-Mais tu sais quoi ? Tu veux que j'assume. J'ai pas arrêté de le faire depuis tout à l'heure, mais toi, tu m'as repoussé, en affirmant qu'il ne fallait pas. Lorsque j'accepte enfin d'arrêter, tu m'engueules.

Je sentis mes poings se serrer, le droit me lançant terriblement.

-Faudrait que tu te décides. Parce que moi, je ne chercherais plus à te comprendre éternellement. Tu es peut-être devenue lunatique durant ces mois que tu as passé avec ce... William ? Ou bien as-tu toujours été comme ça ? Je n'en sais rien... J'ai peut-être autrefois été aveuglée par mes sentiments. Mais après tout, qui te dit que moi aussi, je n'ai pas changé ? Rien ne le prouve.

Le ton que cet autre-moi empruntait, amer et dur, je le détestais. J'avais peur de lui faire du mal, tant de mal à cause de ces conneries que je déballais...

-Enfin, tu voulais que je sois sincère une bonne fois pour toute et que je te dise ce qui ne sortait pas de mes lèvres ? Alors prépare-toi, et retiens-le bien. Parce que je ne sais pas si je le redirais un jour.

J'étais horrible... Non, cet autre-moi était horrible. Lui dire ça, à elle, qui était si...

-Je t'aime.

Mon coeur rata un battement sous cet aveu, et, reprenant le contrôle de mon corps, je détournai le regard, affligé.

-Maintenant, tu peux y aller. Je t'ai dit que j'arrêtai d'être égoïste... Alors je commencerais par ne pas te garder pour moi, par ne plus t'enlever aux autres. Parce que... Tu n'es pas mon jouet, n'est-ce pas ? déclarai-je en reprenant ses mots.

Je marquai une pause, fermai les yeux.

-Tu as le collier. Ma promesse de ne plus être égoïste, celle de ne plus te considérer comme un jouet, et... Les mots que tu voulais entendre. Alors s'il te plaît, maintenant... Sors.

**Mist** Jeu 10 Juin - 20:26

Chacun de ses mots était une épée plantée au fond de mon coeur. Chaque syllabe prononcée sur ce ton amer et froid était un choc dans ma poitrine, me faisait chaque instant plus regretter de l'être emportée. Je serrai le poings, accusai le choc, détournant le regard. Il avait raison. Chacune de ses phrases atteignait on but, sa cible toute désignée. Cependant, j'étais, au final, paradoxalement soulagée.
Enfin, il s'en prenait à moi, moi qui lui avais fait tant de mal et qui continuais à lui en faire.

Il parla de Kay et Léonie, un sourire étira mes lèvres, amer, léger. Deux femmes formidables que je ne connaissais que trop peu et qui valaient tellement mieux que moi. Kay était si forte, si belle, si sauvage, si .. magnétique. Léonie était tellement drôle, jolie, agile, imprévisible, tout simplement adorable. Moi, à côté, j'étais égoïste, prétentieuse, j'étais une princesse capricieuse et changeante.

Je retins mon souffle lorsqu'il prononça les trois mots que je ne pensais pas entendre une fois encore sortir d'entre ses lèvres. Je croisai de nouveau son regard, le doute et la surprise se confondant dans mes yeux verts brillants d'humiliation. Je ne comprenais pas. C'est lui qui m'avait quittée, ça avait été plus que clair, ce jour là. je chassai les souvenirs douloureux dans la boîte de mon coeur que je verrouillai à double tour pour tenter de rester impassible.

Puis, finalement, il me demanda de partir. Je le regardai, doucement, sans rien dire. Un faible sourire étira mes lèvres. Tout était fini. Je m'approchai de lui, passai une main derrière sa nuque, me haussai sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres et y déposer un dernier baiser. Un baiser au goût sucré et amer. Je me détachai de lui, restai à quelques centimètres de son visage, pour dire avec un sourire faible et les yeux brillants :

- Je t'aime aussi.

Je me détachai de lui, reculai de quelques pas.

- Je pense ... Qu'on a plus rien à se dire.

Je reculai encore, avant de finalement faire volte face. J'ouvris la porte de sa chambre ni trop vite ni trop lentement, la refermai derrière moi avec un dernier regard en arrière. Je savais qu'il ne chercherait pas à me rattraper.

Lorsque je me retrouvai seule dans le couloir, je passai ma main dans mes cheveux, abattue. J'avais besoin de courir. Courir pour oublier tout ça.
Une chuintement; celui de mes bracelets libérant mes jambes.
Des pas qui s'éloignèrent, de plus en plus vite dans le couloir résonnant.
Un sanglot étouffé lorsque je fus loin ...

**Dark** Jeu 10 Juin - 21:29

Son baiser et ses mots ne me firent aucun effet. Après tout, j'étais déjà mort, détruit de tout l'intérieur. Pourtant, un petit quelque chose en moi, s'effondra. Un rien, et j'avais simplement l'impression que je venais juste de perdre un petit poids. Absolument rien de méchant...
Lorsqu'elle referma la porte derrière elle, je me surpris à penser que ces quatre mots, j'aurais aimé ne jamais les entendre.
Parce qu'au moins, j'aurais pu garder la force de ne plus être égoïste.
Tout était fini. Je le savais, et pourtant... Je voulais qu'elle soit et reste à moi pour toujours.
Étrangement, ça m'importait bien peu que nous ne soyons plus ensemble, si elle n'allait pas avec quelqu'un d'autre.
Je partis peu à peu dans une réflexion dépassant la raison, et lorsque je revins à moi, une demie-heure s'était écoulée. Face à mon lit, je me laissai tomber dessus, vide de vie. Son odeur encore présente dans la pièce me berça, et je me tournai sur le dos, fixant le plafond.
Cette entrevue, cet échange, ces gestes... Tout était tellement bizarre ! La conclusion n'était même pas logique. Ou alors, j'avais mal compris ? Mais pourtant, elle l'avait dit. Elle m'aimait encore, elle aussi. Et je l'aimais... Alors pourquoi n'allions-nous pas pouvoir rester ensemble...?
Levant la tête vers ma salle de bain où la porte était encore ouverte, je poussai un long soupir avant de la laisser retomber sur le matelas. Je n'aurais pas dû... Je n'aurais pas dû lui rendre le collier. Et j'aurais dû chercher à la rattraper. Mais j'en avais marre aussi ! J'en avais marre de toujours lui courir après, de me démener pour elle, pour qu'au final... Elle me repousse. C'était trop dur. J'avais beau être mort, les décombres de mon cœur ne risquaient pas de se régénérer si je continuais à les malmener.
Alors que je me tombai à nouveau dans ce ramassis de pensées, je sentis une violente douleur me frapper dans le thorax. Je me redressai brutalement, serrant mon t-shirt à l'emplacement du cœur. Je serrai les dents, retenant un cri.

-B... Bordel, bafouillai-je. C'est quoi cette merde ?!

Je fermai un œil sous l'impact de la douleur. Putain ! Qu'est-ce que c'est encore ?!
Dans ma tête, les images de Mist, ses sourires tristes et amers me revinrent en mémoire. Ceux qu'elle avait faits tout à l'heure... Je fermai durement les yeux, priant pour que cette horreur s'en aille.
Après un instant de réflexion, une explication s'imposa à moi ; c'était ça, avoir le cœur brisé ?
Je pestai, et me levai, haletant, pour me diriger vers la salle de bain. Je me dirigeai vers les tiroirs des plans de toilette et pris une boîte de tranquillisant. Je me battis quelques secondes avec la plaquette de cachets, et en pris finalement un, buvant l'eau du robinet. Je me laissai alors tomber sur le sol, contractant toujours ma poitrine, et me calai contre la baignoire, laissant ma tête retomber en arrière, fermant les yeux.

-Mist... articulai-je enfin. Mist... Pourquoi ?

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