What do you want from me ?

**Violette** Dim 25 Juil - 12:44

Je m'étais laissée quelques jours pour réfléchir, ou simplement pour me préparer à cette rencontre. J'étais restée un long moment devant le miroir, hésitant pour mes habits, comme si ils changeraient quelque chose... Les robes se succédèrent, je les trouvais hideuses, rien ne m'allait, rien ne pouvait aller pour ça. Un jean retroussé, des talons noir, un t-shirt blanc, un coup de brosse dans mes boucles soignées et je refermais la porte sur ma chambre, mon portable posé sur mon lit.
Ce n'était pas une journée d'été brulante, juste un peu fraiche, juste un peu parfaite. Malgré le calme et la beauté que dégageais l'ile dans ses instants la porte de ce grand bureau me déchirait le coeur.
Il fallait que se soit rapide, dénué de tout, d'espoir, d'amour, de vie.
Le front sur l'un des battants, le bout des doigts frôlant la poignée. Je me surpris à sourire, l'esprit divaguant vers ce jour où pour la première fois j'avais poussé cette porte, tellement stupide et inconsciente, tout ces fois. Je me permis ma rêverie des minutes entières, pour la dernière fois.
Morte de peur, morte de honte, morte de douleur, morte d'amour. Je poussais la porte.
L'atmosphère si sereine finit de me détruire.

**Philos** Dim 25 Juil - 13:00

Je crois que jamais Il n'avait été aussi silencieux. Depuis l'Invasion, à l'exception de quelques uns de ses comportements piquants ou apparitions régulières, j'avais parfois l'illusion d'être seul dans mon esprit -étrange que pour moi cette situation soit ... étrange- et ce silence, à vrai dire, m'inquiétait. J'avais tenté de Lui en parler, mais rien n'y faisait. Lorsqu'il ne voulait me répondre (et c'était bien souvent) je n'avais droit qu'à un froid mutisme.
La cause de ce silence, à vrai dire, j'en avais déjà la certitude, était causée par l'absence. L'absence d'une personne chère, l'absence de vie dans son cœur.
Depuis combien de temps ne l'avions nous vue ? Depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas parlés ? Si je n'avais pas eu la capacité de la surveiller à distance, j'aurais pu croire que l'Invasion l'eut emportée.
A cette pensée, j'entendis un grognement de protestation venir du fond de mon crâne. J'eus un bref sourire. Oui, cela ne pouvait être que ça. Mon double agissait comme un enfant, un enfant égoïste ... Comme un homme amoureux.

Je replongeai dans mes dossiers, pensif, comme toujours. Mes pensées dérivèrent vers Storm, sortie pour la journée ou un peu plus, comme à son habitude lorsqu'elle ne restait pas avec moi dans le bureau, silencieuse, assise dans un fauteuil déplacé dans un coin près de la bibliothèque. Mon regard s'attarda quelques secondes sur ce fauteuil, avant de retourner sur mes dossiers. Je n'étais, décidément, pas très motivé à travailler. L'avais-je été un jour ? pensai-je avec amusement.

Je finis par plonger dans les dossiers, serein, posé. Je devais faire passer mes états d'âme après la santé de Terrae. C'était ma raison de vivre, mon rôle, mon devoir. Au bout de longues, très longues minutes, une respiration, une fréquence cardiaque, me fit relever la tête. Je la connaissais. C'était Elle, Elle qui arrivait enfin.

A ces pensées, Il s'éveilla dans ma conscience, comme explosant à la surface de notre esprit pour la première fois depuis de longs mois. La porte s'ouvrit, je fis un bref sourire à Violette avant de fermer les yeux.

Lorsque je les rouvris, mes yeux gris étaient parcourus de soulagement et de bonheur. Je me relevai du fauteuil, contournai mon bureau, pour aller prendre Violette dans mes bras, inspirant à pleins poumons son odeur.

- J'étais inquiet, lui soufflai-je. Je n'osais pas venir te voir, j'avais tellement peur ... Tu m'as manqué, avouai-je au bout de quelques instants.

Un léger sourire s'étendit sur mes lèvres, un sourire soulagé, heureux. Cependant, un détail me tordait l'estomac, sans que j'arrive à réellement l'identifier. Etais-ce parce que son parfum avait légèrement changé, plus sombre et capiteux ? Etais-ce parce que je sentais son coeur en discordance avec le mien ? Etais-ce parce que je trouvais sa peau froide comme la mort ?
Ou étais-ce tout ceci à la fois ?

**Violette** Dim 25 Juil - 14:36

Lui, son regard, son sourire, sa voix, son âme. Un instant, Lui dans son entier, blottis entre ses bras j'oubliais tous. Une boule de bonheur qui explosait dans mon ventre, tant de sentiments, de sensation perdue revenant tel un coup. Je voulais m'abandonner à Lui, rester à Lui. Mais cette frappe de bonheur me fis si mal.
Le courage et la détermination que j'avais bravement réussis à accumuler des jours durant s'étaient évaporés, emporter par les battements de son cœur. Contre lui il faisait chaud, tous étaient doux, tous brillaient. Mais ce cœur palpitant était le sien, le mien mort s'entendait à peine. Je n'avais plus rien, plus de force, plus la force de tout dire, de lui avouer. Plus de courage, plus rien, juste la vérité derrière les lèvres.
Je relevais la tête, apercevant ses yeux gris éclatant. Tous ce bonheur dans son regard, dans ses mots. Ces paroles qui me torturaient un peu plus.
Toi aussi tu m'as manqué... Quelque temps...
Mon visage abandonna petit à petit son masque de dureté, laissant une demi plénitude l'envahir, embaumé par sa présence. Il serait si simple de tout laisser tomber, de simplement l'embrasser, le chérir, l'aimer. Si simple de me persuader que c'était lui et personne d'autre. Si simple de me mentir, quelques secondes de plus, quelques jours de plus, quelques années... Lui mentir...
Contre lui je n'avais plus qu'une envie, lui murmurer ses trois mots, rassurer son bonheur qui m'emplissait. Lui offrir son beau sourire pour l'éternité.
J'approchais doucement mes lèvres de son oreille, ses petits mots au bord des lèvres.
- ...
Rien. Je me détachais de lui, reculais. Plus ça, plus de mensonge. Pas à lui. Il ne méritait pas cela, je devait demeurer la seule à supporter mes mensonges, je devais devenir vrai. Les traits de joies qu'il m'avait communiqué avaient déserté mon visage. Il fallait que ça soit rapide, dénué de tous, d'espoir, d'amour.
- J'ai quelque chose d'important à te dire.

**Philos** Dim 25 Juil - 14:51

J'avais cru qu'elle resterait dans mes bras pour l'éternité. J'avais cru qu'elle m'enserrerait encore plus fort contre elle, j'avais cru qu'elle prononcerait ces trois petits mots que j'avais vus accrochés à ses lèvres. J'avais cru tellement de choses, et, au final, il n'y avait rien eu. Rien de plus qu'une étrange déception, rien de plus qu'un vide étrange.
Rien de plus.

Elle se détacha de moi, et je sentis cette déception m'envahir la bouche. Elle s'éloignait, encore et encore. Je rageais tellement, tout au fond. Mais en surface, rien de plus qu'un sourire. Je ne voulais que lui sourire, je ne pouvais que lui sourire. Je m'assis sur une chaise, faussement nonchalant, lançant, d'une fausse voix amusée :

- Quoi, qu'est-ce qu'il y a, tu es enceinte, c'est ça ?

Je poussai le vice à rire légèrement, appuyé sur le dossier de ma chaise. A l'intérieur, je hurlais de peur, je tremblais d'entendre ses mots, ses mots qui se faisaient si rares, si brefs, si froids. Avais-je vu un sourire sur ses lèvres ? La voir aussi sombre m'en faisait douter. Je conservais mon petit sourire, indifférent en apparence à son attitude qui me criait de m'éloigner d'elle.

**Violette** Dim 25 Juil - 16:27

L'entendre rire, si insouciant, si beau. Il n'était pas stupide, pas comme moi, il savait peut être déjà, mais il souriait, me redonnant de la force. Je secouais doucement la tête pour répondre à sa supposition. Ça aurait été trop simple, trop vivant. Ça aurait été un avenir à deux.
Il était assis, près à m'écouter, il devait tout savoir. Je devais lui avouez cette vérité.
Ça serait rapide, dénué de tous, d'espoir.
- Ça à commencer par une lettre, j'y ai même pas porté attention, je l'ai même jeté. Mais il m'en a renvoyé une autre... beaucoup d'autre. J'ai pas répondue, je voulais pas, je pensais trop à toi, lui était trop loin, lui c'était du passé, des souvenirs douloureux que j'avais crue totalement rayés. Je voulais pas répondre.
Mon regard défait était plongé dans le sien, je devais assumé tout se que je provoquais.
- Je te jure...
Je soupirais de honte.
- Elles étaient si belle... Magnifique, si tu voyais ses mots, il doit être poète, c'est la seule explication plausible qui ne soit pas d'ordre divin. J'ai pas sus résister, j'ai répondue. Pardon. Mais j'avais le droit non, ça ne fait de mal à personne des lettres, des mots sur du papier.
Mon cœur se serra, le souvenir de ses mots, de ses mots qu'il m'écrivait, voletaient dans ma tête, me procurant une joie que je ne me refusais pas. Mes bras se refermèrent sur ma poitrine.
- Il m'a fait fondre, j'ai fondue toute entière. Je ne savais pas que lire des mots pouvais rendre si heureux.
Mes yeux pétillants ne quittaient pas les siens.

**Philos** Dim 25 Juil - 17:02

Elle avait parlé, longtemps. Longtemps, elle avait transpercé mon cœur de milliers d'aiguilles, comme ça, par son sourire et son regard, par ses phrases et par ses éclats heureux. Longtemps, je ne lui avais rien montré.
Tout doucement, mon sourire s'était effacé. Tandis que naissait sur ses lèvres un sourire heureux, le mien se perdait quelque part où je ne pourrais plus jamais le trouver. Tandis que ses yeux brillaient de plus en plus forts, les miens perdaient toute lumière. Je restai ainsi, silencieux, pendant les longues secondes que durèrent son extase.
J'avais l'impression qu'on me rouait de coups de poings, dans le ventre, le cœur, la tête. J'avais l'impression que tout en moi s'effondrait, se brisait en mille morceaux.
Et pourtant je ne pouvais pas réagir. Je ne pouvais pas pleurer, hurler, crier en sa présence. Juste sourire ou ne rien lui montrer. Je ne pouvais lui montrer ma douleur, je ne pouvais, je ne voulais, que lui procurer du bonheur. Et me voir tel que j'étais réellement ne l'aiderait pas oh non, non.
Je haïssais, détestais cet homme, cet homme qui m'avait tout volé. Cet homme qui avait été là pour lui parler, cet homme qui m'avait occulté, qui avait su combler son cœur, qui avait su être tout ce que je n'avais jamais été, cet homme qui m'avait tout pris, tout volé.
Je n'avais même pas envie de le tuer. Il ne le méritait pas, ce ne serait pas le faire souffrir comme je souffrais en cet instant.

Je restai muet, quelques secondes supplémentaires, sondant ses yeux aussi gris que les miens. Puis, doucement, je soufflai :

- Tu est donc venue me dire que tu t'en vas ?...

**Violette** Dim 25 Juil - 17:30

Ces mots coupèrent, mes rêveries. Je laissais de côté ma joie, mon bonheur et mon sourire. Ils n'avaient pas de place ici, je m'étais promis un instant dénué de tous, je ne pouvais lui laisser le moindre espoir. Cette partie de moi ne lui appartenait pas, je ne pouvais la lui montrer. C'était trop personnelle, trop cruel... Je ne pouvais plus rien partagé, plus rien lui offrir. La partie de moi rattaché à Lui, cette partie de mon cœur que je lui avais confié, je l'avais laissé mourir. Je la laissais se détruire.
Je devais terminer tout cela rapidement.
Ma voix était sèche, glacé. Morte.
- Oui.

**Philos** Dim 25 Juil - 17:39

Je fermai les yeux. C'était fini. J'avais compris.
Trois petites lettres, un simple petit mot, tout en voyelles, des sons doux et agréables. Rien que ça, ce petit mot sucré qui venait de détruire tout ce qu'il restait de moi.
Je restai ainsi, sans bouger, statue de marbre immobile. Pas de tensions, pas de pleurs, rien. Rien de plus que le vide. J'étais vide. Vide, vide.
Je rouvris les yeux vers elle, la fixai avec douceur, sans rien dire. Puis je me relevai de ma chaise, sans rien dire, m'approchai d'elle, sans rien dire, doux, ni brutal ni passionné, ni timide ni patient.
Je restai, ni trop près ni trop loin d'elle, la fixai droit dans les yeux, la regardant, contemplant celle qui avait ouvert et brisé mon cœur en quelques mots. Celle qui m'avait tout donné pour tout reprendre.
Celle que j'aimais plus que tout au monde.

- Pourrai-je au moins emporter de toi le souvenir d'un baiser ?... lui demandai-je avec douceur.

**Violette** Dim 25 Juil - 21:19

Je le regardais, face à moi. J'étais déjà trop loin pour tout effacer, tout était fait, tout était dit. Ne restais que le plus douloureux, affronter son regard, murmuré un dernier mot et sortir à jamais de cette pièce, de sa vie.
Puis cette demande. Cette dernière volonté je m'étais interdit d'y penser. Pourtant se furent mes jambes qui parcoururent ce vide qui nous séparait. Si près de lui, je continuais à fixer ses yeux que j'avais vidé. Disparue la beauté éclatant qu'ils clamaient quelques minutes avant, je n'y apercevait plus que le froid. Ses yeux comme à notre première rencontre.
Son regard me retourna tout entière, ma tête implosait, ma gorge brulait, mes entrailles étaient en flamme. Le souffle glacial de ses pupilles avaient embrasé mon corps. Je brulais face à lui. Tel n'était pas le châtiment des sorcières, celui que j'avais toujours mérité ?
Mes doigts frôlèrent son menton. Un ultime geste implorant le pardon.
Je n'arrivais plus à exprimer, rien ne paraissait sur mon visage.
Ni la honte. Ni la douleur. Ni l'amour.
- Tu aurais dut me tuer ce jour là, t'as souffrance aurais été si faible face à celle que je te fait vivre aujourd'hui...

**Philos** Dim 25 Juil - 22:01

Était-elle consciente du froid qui envahissait mon âme ? Était-elle consciente que la voir s'approcher de moi était comme si elle m'enfonçait une lame gelée en plein dans le cœur ? Était-elle consciente que ses doigts sur ma peau était comme des griffes de glace qui enserraient mon esprit et ma raison ?
Non, non, sans doute. Elle était inconsciente des sensations qu'elle allumait encore en moi, de l'effet de ses gestes; de ses mots, comme un gel progressif, un engourdissement de mes muscles les uns après les autres, faisant de moi sa marionnette. Sa marionnette dont elle faisait fondre le cœur...
J'étais comme un jouet entre ses mains, un jouet qui ne pouvait pleurer car ses larmes étaient de glace, un jouet qui ne pouvait se battre pour la récupérer, car la chaleur qu'elle dégageait le ferait fondre si jamais il essayait de l'attraper.
Je la regardai, impassible, parler du passé. Mon cœur se serra, mon pauvre cœur de glace, mon pauvre cœur si vide.

- Je préfèrerais mourir mille fois ... plutôt que de penser seulement à te blesser ... soufflai-je en m'approchant de ses lèvres sans rien dire.

Je mourrais d'envie de lui offrir un baiser passionné, un baiser brûlant comme autrefois nous échangions, un baiser passion, un baiser bonheur. Mais mes lèvres étaient froides, glaciales, lorsqu'elles se posèrent sur les siennes, chaudes et douces, faisant fondre tout mon corps de l'intérieur. Mon corps se rapprocha du sien, tandis que mes mains se glissaient dans ses cheveux ou le long de sa taille. Peut m'importait de fondre, face à elle qui était aussi brûlante qu'un feu sauvage, peu m'importait de mourir dans ses bras, peu m'importait. Mes lèvres soudées aux siennes frémirent face à cette chaleur qu'elle dégageait, peu importait. Je voulais tout mémoriser d'elle, absolument tout, me souvenir de cette douceur, de cette chaleur, de ce bonheur.
En moi, le vide se creusait. Je lui donnais tout de moi en cet instant : mon cœur, mon âme, mes souvenirs, qu'elle prenne tout sans distinction, de toute manière, de quoi avais-je besoin si elle n'était plus à mes côtés ?...
Un baiser, un simple baiser, un baiser pour oublier, un baiser pour se souvenir, un baiser pour la garder à mes côtés ... Au moins quelques instants supplémentaires.

**Violette** Lun 26 Juil - 0:08

Ses lèvres, je m'accrochais à elles, à son cou, aux dernières secondes. Ses lèvres, horriblement glacées, elles ravivèrent le foyer en moi. Tout cela pourtant si agréable...
Tout se bousculait à cette instant dans ma tête au bord de l'ébullition. Le bonheur pure, simple, puissant de ce dernier baiser. La honte lourde, cuisante, immonde de ma trahison. La douleur brulante, insupportable, déchirante de mon choix, de se que je faisait de lui.

A cette instant j'aurais voulue avoir la force de tomber à genoux devant lui, de libérer tout se qui se battait en moi, de lui crier, de lui implorer, de lui murmurer de finir se qu'il avait commencer plusieurs années au paravent. Là de me faire disparaitre, en une seconde, ne plus exister, ne plus le voir s'éteindre contre moi.
A cette instant j'aurais voulue rentrez en lui donner tout cette chaleur qui parcourait mes veines pour redonner vie aux siennes.
A cette instant j'aurais tout donner pour ne plus sentir son souffle glaciale sur mes lèvres, ne plus percevoir ses doigts geler entre mes cheveux. Tout offert pour qu'il ne m'ai jamais vue, que je ne sois jamais tomber éperdument amoureuse de lui. Tout pour que ce baiser n'ai jamais eu à exister. Tout pour que cette instant ne soit que le pire des cauchemars. Tout pour que jamais je n'eut put lui faire de mal.

Tout pour que ses secondes à jamais se figent.

**Philos** Lun 26 Juil - 0:37

J'avais tout fait pour que cet instant dure une éternité, j'avais tout donné de moi. J'avais l'impression que si je mourrais ici, entièrement consumé par ses lèvres, cela n'aurait eu aucune importance. Tout ce que je voulais, c'était rester ici, rester pour l'éternité. Mais tout avait une fin, surtout un dernier baiser.
Je me détachai doucement de ses lèvres, les yeux clos.

- Merci ... Soufflai-je avec douceur.

Je me reculai d'une pas, attrapant entre mes doigts le bout d'une de ses mèches ébène. Je la regardai droit dans les yeux, embrassai le bout de cette mèche, avant de la laisser tomber contre son cœur, le regard froid comme autrefois.

- Merci d'avoir aimé un homme sans nom, une âme sans visage ... lui dis-je avant de me reculer encore, pour mettre entre nous une distance raisonnable.

L'emploi de cet adjectif me fit rire amèrement, intérieurement. Étais-je raisonnable quand j'étais avec elle ? Y avait-il quelque chose de raisonnable entre nous, depuis le début ? Questions purement rhétoriques. Jamais, jamais, rien n'avait été "raisonnable".
Et le fait que ce mot fasse partie désormais de mon vocabulaire à son sujet prouvait bien que tout avait changé entre nous.

**Violette** Lun 26 Juil - 1:06

Je sentis ses mains se détacher de moi, son souffle disparaitre, ses lèvres me quitter. C'était une fin, la fin, notre fin. Son murmure, son ultime baiser. En moi tout avait explosé, me laissant planer entre les sentiments, les états. Je le regardais s'éloigner à jamais. Mon regard toujours dans le sien, gravant ces secondes, gravant son Lui. Lui. Lui...
- Tu as toujours été le côté sombre des choses, une âme noir, troublante. Et dans ce rien tu resplendis, tu es la nuit, aussi froid et sombre que tu puisses être tu captives, tu attires, tu envoutes. Tu as un nom.
Un nom.
- Yoru.

**Philos** Lun 26 Juil - 1:24

Lorsque ce nom, si étranger et pourtant si familier, sortit de ses lèvres, je compris. Ce petit mot qui me faisait vibrer tout entier, ce petit mot qui m'inondait de chaleur, qui me faisait me sentir entier. Je fermai les yeux avec douleur. Elle m'avait tout donné, m'avait tout repris. Et au final, il me restait ce nom, ce nom qu'elle m'offrait comme un dernier cadeau, comme une promesse. Je rouvris les yeux au bout de quelques instants, impassible.

- Yoru ... répétai-je.

Je la regardais, souris, doucement.

- Merci. Merci encore ...

Je vis alors, à son cou, briller ce cœur noir, ce cœur si sombre, de cristal, qu'elle portait toujours. Mon cœur à moi se serra, mon pauvre cœur si froid. Je voulais qu'elle le garde, en bel égoïste que j'étais. Je voulais qu'il pende encore et encore à son cou, quoi qu'il arrive, je voulais voir mon petit cœur noir non loin du sien, brûlant et irrésistible.
Je m'approchai d'elle, touchai du bout de mes doigts ce petit pendentif aussi froid que mon vrai cœur. Aussi sombre.

- Garde-le ... soufflai-je, entre ordre et supplique.

Et je me reculai de nouveau, sachant pertinemment que si je restais aussi près d'elle quelques secondes de plus, je ne pourrais tenir, je ne pourrais résister.
Dans quelques secondes, elle allait partir. Elle allait passer le pas de cette porte détestable, et ce serait tout. Je devais la retenir, la supplier de rester ...
Je lui offris mon plus beau sourire.

- Allez, vas-y. Et promets-moi d'être heureuse.

Je ne pouvais pas. Je ne pouvais faire autre chose que de sourire en sa présence. Je ne pouvais la supplier, je ne pouvais pas, je ne pouvais que sourire. Mon cœur se déchirait, tout au fond, tout au fond de mon corps, mon petit cœur de cristal noir venait de se briser.
Il n'y avait plus rien à faire.

**Violette** Lun 26 Juil - 2:17

Ses doigts touchèrent mon pendentif, celui qu'il m'avait offert. Une micro seconde ses doigts frôlèrent ma peau. A jamais notre dernier contact. Sa main s'éloigna, la mienne se referma délicatement autour de son cœur. Il resterait là, autour de mon cou, contre ma poitrine, près de moi.
J'aurais voulue m'éterniser encore, continuer à scruter son regard mourant, chercher un moyen de lui redonner son éclat. Il était trop tard, j'avais détruit se que j'aurais voulue sauver, j'en avais déjà trop fait. Je le faisais souffrir par ma présence. Ma silhouette même devait le révulser. Il devait haire la moindre de mes cellules pour l'avoir ainsi trahis. détruit. Jusqu'au bout j'aurais été une fille détestable.

Son sourire m'ouvrit pourtant un autre avenir. Il s'en remettrait, il se relèverait, m'oublierait peut être même. Il serait heureux comme moi. Loin l'un de l'autre nous connaitrions le bonheur. Peut être...

C'était finit. Je fis un premier pas en arrière, puis un second, mes yeux ne le quittèrent pas, pas un instant de cette vision ne m'échapperait. Cette dernière image de lui. De Yoru. Souriant.
- Je te le promet.
Ma gorge une dernière fois se serra. Mon sourire était énorme, le plus puissant que je pouvais lui laisser, le plus beau.
J'ouvris la porte.
Mon pied se posa sur le carrelage du couloir doré.
Mon pied se posa silencieusement à côté du premier.
Ma main sur la poignée de la porte.
- Trouve le bonheur.
Un dernier sourire, son souvenir posé sur ma poitrine, son sourire aperçut la porte se refermant. Le souvenir de son si beau regard, de ses si belles lèvres, de son si beau rire, de son si beau sourire. Son souvenir. Le souvenir de Yoru.

**Philos** Lun 26 Juil - 2:35

Elle aussi me sourit, s'en allant doucement. Elle me demanda de trouver le bonheur, je ne dis rien, incapable de répondre à une telle ineptie. Mon sourire se faisait plus beau, car plus grand et désespéré à chaque seconde, tandis que je la regardais s'éloigner. Elle fit quelques pas, me sourit encore, ferma la porte, s'éloigna dans le couloir.

Alors que le couloir résonnait encore de ses pas, je tombai à genoux, le regard dans le vide. Je ne comprenais pas, je ne voulais pas comprendre. Pas comprendre que c'était fini. Pas comprendre que j'étais seul. Pas comprendre que jamais plus je ne reverrais son sourire, pourrai toucher sa peau, pourrai entendre son rire, pourrai goûter à ses lèvres. Plus jamais, plus jamais.

Je serrai les poings, frappai au sol dans un cri rageur. C'était fini, terminé. J'avais perdu, je ne pouvais plus me relever, aucun espoir. Et bientôt, ma rage fit place à ma douleur, ma douleur à l'amertume. C'était fini, fini.

Il y avait eu cette entrée, ce contact, ces mots, cette vérité, ce baiser, ces promesses, ces adieux, cette porte qui se fermait.
Il y avait maintenant une douce mélodie soufflant dans les couloirs, une silhouette brisée sur le sol.

A quoi bon se battre lorsque tout peut se résumer à ces quelques gestes, ces quelques images, ces quelques mots ? A quoi bon tenter de vaincre lorsque tout est perdu d'avance ? Le combat est beau, mais la défaite amère. J'avais perdu, depuis le début. Et je ne m'en rendais compte qu'aujourd'hui, alors que déjà elle n'était que souvenirs dans mon esprit. Déjà elle s'effaçait de ma vue, remplissait ma tête et mon cœur vide de chagrin.
Elle partit, comme ça, me laissa seul. Elle était heureuse, sans doute, désormais. La fin de notre histoire avait été courte, lapidaire, étincelante. Comme une étoile filante, elle était passée dans ma vie, si belle et lumineuse ... Mais tellement loin. Tellement loin de moi.
C'est un au revoir si long. Mais tout va bien, au revoir maintenant. Je regarde les étoiles et je vais bien.
Elles ont toutes ton visage.

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