[suite] Cette boîte... [Léonie+libre]

Je respirai à nouveau. Alors ça y était ? C'était fini ? Plus de résurrection surprise ?
Je n'aurais plus mal...

J'esquissai un sourire en voyant Hayato s'avance vers moi, ses pas s'imprimant dans le sable du jardin de roses blanches. Celle, rouge, qu'il tenait à la main ressortait avec violence.
Il était si beau. Il n'avait pas changé.

- Salut Blanche-Neige.

Je tendis les mains vers lui, comme ivre de bonheur. Enfin je le retrouvais.
Mais il ne s'approcha pas. Il ne me souriait pas. Pourquoi était-il soudainement si distant ?

- Pourquoi ne me prends-tu pas dans tes bras ?

Je ne reconnu pas ma voix immédiatement. elle semblait si lointaine. Le visage d'Hayato fut remplacé, par un inconnu.

- Quoi ?! m'écriai-je d'une voix rauque.

Un plafond blanc se découpait derrière ce visage inconnu. Puis tout redevint normal.

Hayato était de nouveau là.

Je me balançais nerveusement sur le fauteuil près de la fenêtre. Le plus loin possible de ce corps presque mort. Presque.
L'infirmier vint remettre un de ces nombreux trucs "plantés" dans son corps. C'était... presque comme si elle était l'objet d'expérience, presque comme moi avant.
Un bip se fit entendre, et comme dans la demi-heure précedente, elle se réveilla brusquement, hurlant quelque chose que je ne saisis pas tout de suite, puis repartit dans son sommeil pas tout à fait éternel.
L'infirmier avait fait un bond en arrière.
Je me recroquevillai davantage.
Est-ce que c'était ma faute ?
On m'avait affirmé le contraire, pourtant.

J'avais réussi à l'emmener ici grâce à une personne qui passait par là. Comment aurais-je fait toute seule ? Comment... ?

Jour 1

C'était étrange. Une "journée" était passée. Une "journée" de mort. Mais je n'en avais pas l'impression. Je sentais que ce n'était pas vraiment "normal".
Pourtant j'étais bien. Si bien avec lui. Nous avions repris nos vieilles habitudes. Nous retournions dans des lieux que j'avais connu, mais pas lui. Des lieux qu'il m'avait fait découvrir. Des lieux dans lesquels nous auriont voulu aller de notre vivant. Nous rattrapions le temps perdu. et pour ça, on avait l'éternité devant nous.
Mais quelque chose clochait.
Oui, quelque chose ne tournait pas rond.?

J'avais parfois l'horrible sensation d'être enfermée dans une boîte. Il m'arrivait de suffoque. Il m'arrivait aussi d'entendre des sons que je ne devrais pas entendre. Des voix dans un lieu pourtant vide. Des battements de coeur, de l'eau qui coule.
Et ces sensations. Quelque chose qu'on m'enlevait du bras. Qu'on me rajoutait.

J'avais peur de comprendre. De comprendre que je n'étais pas encore tout à fait ailleurs.

J'avais finir par m'endormir sur la chaise. Je ne pouvais pas me décider à laisser Norah seule. C'était ma faute si elle était là maintenant.
J'avais vaguement entendu quelqu'un venir. Quelqu'un d'étranger au service de l'infirmerie. J'ouvris un oeil et aperçu une blonde avec un bouquet de roses à la main. Ce qui me rappela instantanément le végétarium... Qu'est-ce que Norah faisait là bas ? Pourquoi l'avais-je croisée, elle ?
Je posai un pied par terre, manquant d'écraser le casque que j'avais découvert avec elle, dans cette boîte.
La blonde ne parlait pas. Elle avait posé les roses dans un vase à côté du corps presque sans vie de la malade.
Elle finit par murmurer quelque chose. Je devinais bien plus ce qu'elle avait demandé que je ne l'avais compris.
Je cherchai mes mots, ne sachant pas trop quoi répondre. J'ignorais qui était cette fille pour Norah... en réalité, j'ignorais tout de cette brune à qui j'avais demandé de l'aide. Je ne compris que maintenant à quel point mon geste avait été insensé, presque déplacé. J'avais eu un comportement gamin. Comme toujours.

- Je... Elle... On étaient dans le végétarium et... Elle... elle est tombée.. Je ne sais pas pourquoi, je ... Je suis désolée, je ne pensais pas que...
C'était sûrement ma faute. Peut-être l'avais-je empêchée de faire quelque chose d'important ? Elle avait peut-être oublié, par ma faute ?
J'y étais forcément pour quelque chose, sinon... sinon ce ne serait jamais arrivé.

- Elle peut entendre, lâchai-je maladroitement.

J'étais en train de préparer mon super gateau, Hayato assis à côté de moi en train de raconter une anecdote qui me disait vaguement quelque chose, lorsque je sentis quelque chose d'étrange. Une odeur familière.
Je regardais autour de moi mais tout était pareil. Pourtant, l'odeur était bien réelle.
Je perçus un murmure qui ressemblait vaguement à la voix de la fille du végétarium. Etrangement, son prénom m'échappait... Les traits de son visage aussi. Mais si elle était en face de moi, je pourrais la reconnaitre j'en étais sûre.
Je me tournais vers Hayato, un sourire mystérieux sur les lèvres.

- Tu as entendu ?
Il se tut, me regarda perplexe et fis vaguement "non" de la tête et se replongea dans son monologue auquel je ne répondais même plus.
Je me levai et allai mettre la pâte à cuire.
Mais le plat m'échappa. Soudainement, ma main s'était mise à me brûler.
Hayato se leva, inquiet, et alla me la passer sous l'eau froide comme si je m'étais réellement brûlée.
Je lui souris, reconnaissante, et l'embrassai.
C'est alors que j'entendis une voix, que j'associais immédiatement à l'odeur.
Elle.
Elle non plus je n'arrivais plus à me rappeler son prénom. Pourtant, elle, je savais qu'elle m'était... chère ? Oui c'était le mot.
La voix était claire et fit vaciller brusquement mon monde. Hayato se brouilla quelques instants. Ce fut comme un coup de massue. J'avais déjà vécu ça.
"Non"
Des larmes m'échappèrent.
Je ne voulais pas qu'il disparaisse. Il ne pouvait pas repartir encore après être resté près de moi aussi longtemps.

J'avais compris. Parce que je l'avais déjà vécu.
Je n'étais pas morte.
Pas tout à fait.

La voix me demanda de me réveiller.
Je ne pouvais pas faire ça.

J'avais retenu ma respiration de peur d'empêcher encore quelque chose de se produire. Quelque chose d'important, mais rien ne se produisit. Norah n'avait pas réagi.
En réponse à la femme au chevet de Norah, je me contentai de me lever, de prendre ma boîte et d'aller m'asseoir dans le couloir.
Il était évident que j'étais de trop.
Je remarquai que je tremblais. Un peu trop.
Etait-ce la peur ? Le desespoir ?
Je me recroquevillai et repensai à toutes ses images qui avaient defilées dans ma tête.

Je me retrouvais enveloppé par un espace blanc. Une sorte de coton qui s'insinuait en moi. M'étouffait. M'empêchait de bouger.
Et puis face à moi ce plafond blanc.
Je perçus du coin de l'oeil une silhouette qui sortait. Mais c'était assez flou.
Je voulu me redresser mais ne parvint qu'à émettre un râle exprimant ma douleur.
Je reconnaissais ce parfum qui désormais flottait dans la pièce.
Je voulais repartir auprès de Lui. Cesser de souffrir une bonne fois pour toute.

Si je sentais son parfum, c'était qu'elle était là.
Je ne voulais pas qu'elle me voit comme ça.

J'entendis sa voix.
Peut-être qu'elle ne parlait pas réellement fort, mais sa voix me transperçait les tympans.
Je balayai des yeux l'espace face à moi et aperçu sa chevelure blonde.
Bien que je ne puisse pas bougé, je n'avais qu'une seule envie : fuir.
Pourquoi était-elle là ? Je ne voulais pas qu'elle souffre à cause de moi, qu'elle regarde aussi ma propre souffrance.

- Storm... soufflai-je à peine.