Terrae, Institut pour jeunes aux capacités ... hors du commun.
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Carnet de Philos

Aller en bas

Carnet de Philos Empty Carnet de Philos

Message  Philos Sam 7 Mar - 16:10

Nom : ...

Prénom : Hikaru

Nom de Master : Philos (du grec Philo : passion)

Age : 20 ans

Rang : Directeur

Affinité : Air.

Amis : Est-ce que je les mérite encore ? Je me suis donné comme mission de protéger tous ceux qui foulent la terre de l'Institut.

Ennemis : Mon seul ennemi est moi-même. Et je ne sais qui de lui ou moi serait à considérer à juste titre comme un ennemi de l'autre.
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Sam 7 Mar - 16:48

Préface


Un carnet ... Serais-ce une solution pour expier mes péchés? Les conter ici, les écrire sur ces pages blanches ? Ce serait un purgatoire bien trop facile pour les horreurs que j'ai pu commettre par le passé.

Peut être qu'un jour j'écrirai mon histoire ici. Mais pour le moment il vaut mieux ne pas noircir ces pages avec une odyssée bien trop longue et bien trop lourde à porter, même pour un carnet. Je le ferai sans doute, car l'envie de tout confier se fait chaque jour plus grande, comme si cela pouvait me débarrasser des démons qui me hantent.

Enfin. Le seul démon qui pourrait me hanter serait moi même. Je suis les deux facettes d'une personne brisée. J'ai tendance à croire que je suis un miroir mal ajusté. Un miroir incapable de renvoyer la même image de moi-même aux autres.

Mais pour le moment, mon état ne m'importe que trop peu. Je pressens que des nuages assombrissent Terrae. Des nuages sombres, porteurs de destins funestes. Cette génération ne cesse de m'étonner. Comme si tous avaient été appelés à porter sur leurs épaules un destin spécial. Ils ont une mission à accomplir ici, j'en suis persuadé.

Leur destin sera double : ils auront pour mission de changer en eux-mêmes; ils sont venus ici pour changer. Leur venue ici a déjà détruit leur repères. Ils sont, conscients ou non, en train de se transformer.

Cette transformation les amènera à croiser la destinée de Terrae. Avec eux, cet institut plongera dans une bataille pour sa survie. Sans eux, il tombera. Je me refuse à croire que ce havre pour les "élus", comme je me plais à appeller cette génération, puisse tomber dans le chaos. Je ne veux pas. Il y a tellement d'entre eux qui restent encore seuls... Je veux leur offrir la chance de changer.

J'attends les résultats des missions avec impatience. Des choses se préparent, dans le monde. On veut faire tomber Terrae. Mais pourquoi ? Je ne sais plus en quoi croire ...

Je ne crois plus en moi-même.

Je n'arrive plus à croire en les hommes.

Je commence à croire en eux.

Terrae aura besoin d'eux dans les temps qui vont arriver. Les nuages se profilent à l'horizon.

Le 7 Mars.
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Lun 13 Avr - 0:40

Terrae, le 12 Avril.

Je crois qu’il est temps. Je pense qu’il faut que je laisse glisser mon passé sur ces feuilles blanches, que je jette toute ma rage, ma frustration et ma douleur sur ces pages, pour peut-être arriver enfin à trouver un semblant de paix. La menace pèse toujours plus Terrae, et je la sens plus forte, plus présente que jamais. Mais j’ai plus que tout envie de faire preuve d’égoïsme. Je vais tenter de trouver la paix intérieure alors que l’œuvre de ma vie risque de disparaître. Je vais, je vais vous livrer toute mon histoire. Attention à qui pourrait un jour tomber sur cette histoire, sur mon histoire. Tout raconté ici est vrai. Et j’espère qu’un jour, ce récit pourra servir à me comprendre, comprendre mes actes, comprendre mes fautes, et comprendre ce qui m’a poussé à vivre encore jusque là.

Je livre ici les chroniques de quelqu’un qui était un homme.

Je livre ici les chroniques d’un monstre …
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Lun 13 Avr - 0:45

Partie un : Chroniques D’Hikaru- Enfance


J’ai toujours vécu entouré d’attention. Du plus loin que je me souvienne, j’avais toujours été le fils prodige, le plus doué, le fils aîné pétri d’attention. Cependant, je ne voyais jamais mes parents. Je ne m’en plaignais pas. J’avais, parfois, droit à une tape amicale de père sur la tête quand il revenait un soir, ou à une bise de mère lorsqu’elle partait pour un mois à l’étranger. J’ai grandi trop vite, je le sais. Je grandissais dans une froide lumière d’attention factices, de compliments faussés par l’argent de mes parents.

Mon monde était froid et gris. Lorsque mes parents, alors qu’ils étaient rentrés tous deux pour une fois, s’étaient rendus compte qu’à cinq ans, je savais lire et écrire, ils s’étaient empressés de confier mon éducation aux meilleurs tuteurs et aux meilleurs maîtres du Japon. Mon monde se refroidit. Seuls les épisodiques moments d’affection de mes parents faisaient encore briller une froide lumière sur ma petite vie, à peine commencée et déjà si solitaire.

A quatre ans, une lumière apparut dans ma vie. Une petite flamme de bonheur naquit dans mon cœur, le jour où on m’annonça que j’avais une petite sœur. On m’avait autorisé, une fois, à m’approcher du berceau tandis que père et mère discutaient de l’avenir du bébé -je ne comprenais pas d’ailleurs leur ton si mécontent- et j’avais pu l’approcher.

Je m’étais glissé près du berceau, et étais resté à contempler cette petite à peine née qui dormait sereinement. Je n’était plus tout seul. J’allais enfin pouvoir partager tout ce que je voulais partager, je n’étais plus tout seul.

Je n’étais plus tout seul.

Mon monde s’éclaircit, et une douce lumière vint éclipser les froides autres.

Je passai encore cinq ans sans la voir. Père et mère l’avaient confiés à de nourrices et étaient repartis, totalement indifférents. J’avais juste pu savoir qu’on l’avait appelé Kasumi.

Mes dix ans arrivèrent, et j’étais un prodige. Plus totalement un enfant, mais pas encore un adulte, je dépassais les espérances de père et mère, et mes tuteurs étaient satisfaits. Je savais lire, compter, écrire, au niveau d’un étudiant de quatrième année de collège. Cependant je n’avais jamais possédé cette douce innocence qui caractérisait les enfants de mon âge. C’est à cette période-là qu’elle revint.

Mon petit monde s’éclaira de nouveau, et je pus goûter en sa compagnie cinq années de plus. J’avais désormais quinze ans, elle onze. Elle vivait la même situation que moi, sans doute en pire. Elle n’avait pas le droit aux marques d’affection de père et mère, qui prenaient un malin plaisir à la rabaisser en la comparant à moi. La tête haute, elle ne disait rien. Je veillais sur elle, ne voulant pas que père et mère créent quelqu’un d’autre à mon image, conscient de la détresse dans laquelle ils la plongeaient.

A seize ans, quelque chose changea profondément en moi. Je me sentais torturé de l’intérieur. Je n’étais plus à ma place. Je sentais que quelque chose m’appelait, que je devais partir. Mon destin n’était pas ici. Je le savais du plus profond de mon être. Je me décidai à lutter. Je ne pouvais pas partir. Je ne voulais pas La laisser toute seule, comme j’avais été seul autrefois.

A ses douze ans, père et mère la mirent dans une école de réputation moyenne, ne cherchant pas, selon leurs mots, à « donner quelque chose à quelqu’un qui ne le mériterait pas ». Je perdis, ce jour là, la moindre estime que j’avais pour mes parents. Seul l’amour que je portais à ma petite sœur, et le désir de la protéger m’empêchaient de partir.

A dix-sept ans, le jour de mon anniversaire, la sensation en moi explosa. Je ne pouvais plus lutter. Je commençai à avoir des insomnies. Je ne mangeais plus. Je ne parlais plus, même à ma sœur, qui avait désormais plus de treize ans.

Dans le rare sommeil que j’obtenais, je faisais des rêves. Je rêvais d’une île, belle, inhabitée, au centre de laquelle trônait un étrange endroit. Comme un palais en ruines. Une cour immense, aux vastes parcelles d’herbes désormais sauvages, parcourues d’allées de pavés blancs, et des tours … Des tours défiant le ciel, bravant en beauté tout ce que j’avais pu voir. Cet endroit était pour moi un paradis, l’endroit que j’avais toujours cherché. Cette vision me hantait, à tel point que lorsque je me réveillais, des larmes brûlantes dévalaient mes joues, comme si je pleurais de ne pas me réveiller là-bas. L’appel qui faisait vibrer toute mon âme, mon cœur et mon corps me détruisait de l’intérieur. Je n’étais plus moi-même.

Il fallait que je parte.

Je partis un soir d’été brûlant. Le soleil était à peine couché, mais la chaleur, toujours présente, décourageait quiconque voulait sortir. Je sortis, avec pour seuls bagages l’Appel qui résonnait en moi et me forçait à marcher, à partir. Je voulais m’en aller, et l’Appel me guidait.

J’étais dans la cour centrale, en face du portail de la maison. Une porte coulissa derrière moi. Elle m’avait entendu. Je me retournai pour lui faire face. Elle me regardait d’un air interrogateur. Je me souviens de cette nuit d’été, tant c’est un des souvenirs qui reste gravé dans mon cœur.

« - Grand frère, où vas-tu ?
- …
- Réponds-moi. Hikaru, où fuis-tu comme ça ?
- Je m’en vais. Je suis désolé.
- Où vas-tu ?
- …
- Réponds !
- … Je ne sais pas. Un jour, tu sauras. Mais pas maintenant.
- Tu te moques de moi ? Hikaru … Je suis inquiète pour toi. Tu es tellement… étrange. Tu ne parles plus à personne, tu te réveilles toutes les nuits en hurlant … Pourquoi ? »


Sa voix était inquiète, brisée par l’angoisse, je le sentais. Kasumi …

« - Ma vie n’est pas ici. Je dois partir. Je n’ai rien à faire ici, je suis désolé.
- Plus rien ne te retient ici, c’est ça ? Je peux comprendre que tu veuilles t’en aller … moi-même je ne rêve que de ça. Mais pourquoi… Pourquoi veux-tu me laisser ici ?!
- …
- Puisque c’est comme ça, emmène-moi avec toi ! Ne me laisse pas pourrir ici ! Je veux te suivre, grand frère …
- Non ! … C’est bien trop dangereux pour toi. Tu es trop jeune. Je ne veux pas te faire courir de risques.
- Je suis trop faible, c’est ça ? Tu as honte de moi et tu me laisses ici, c’est ça ?! »


Je ne veux pas te blesser, pas te détruire en t’emmenant avec moi ! Voulais-je lui hurler.

« - …
- Réponds-moi, Hikaru !!
- … J’y vais. Pardon.
- Hikaru !
- …
- Ne me laisse pas ! Ne me laisse pas toute seule ici. »


Il fallait que je la blesse. Il fallait … Qu’elle me déteste. Sinon je ne pourrai jamais partir.

« - Ma place n’est plus ici.
- Tu t’en vas, puisque tu ne veux pas t’encombrer de moi, c’est ça ? De toute manière tu m’as toujours détestée ! Je le sais … »


Tu as été la lueur de mon enfance … Je t’ai aimée comme un frère aurait pu le faire … Pardon, pardon ! Puisse-tu continuer à inonder de lumière les autres comme tu as pu le faire avec moi …

« - Tu as raison. Tu es faible. Je ne veux pas m‘encombrer de toi. »

Kasumi, puisses-tu entendre un jour ces mots qui me viennent du cœur … Tu m’as sauvé de la nuit. Merci. Et puisses-tu un jour me pardonner !

« - … Je … Je suis … trop faible.
- … Au revoir, Kasumi.
- Adieu Hikaru.
- Nous nous reverrons.
- Ne me fais pas l'offense de vouloir me croiser encore une fois. Disparais, loin de moi. Ne reviens pas. »


Bats-toi. Bats-toi pour vivre. Prends soin de toi, alors que je ne serai plus là pour le faire.

« - … Puisque tel est ton choix.
- Sale lâche ! Tu refuses de te battre et tu ne fais que fuir ! Je te hais, tu m’entends ? Je te hais ! Je te hais Hikaru ! Je te déteste ! »


Kasumi… Au revoir. Puisses-tu un jour comprendre mes actes, mes paroles, mes hésitations, mes tortures. Je ne voulais pas te blesser, et je t’ai détruite. Je ne voulais que te protéger, et je t’ai rendue vulnérable. Pardonne-moi, pardonne moi… Jamais, jamais je n’oublierai cette nuit. Parce que ce fut la première fois que je sentais que je perdais une des lumières de ma vie. Toi qui fus toujours une lueur, douce lueur d’innocence, de tendresse et d’amour, je voudrais te dire merci. Au revoir …


Et je suis parti, les paroles de ma sœur résonnant encore à mes oreilles, berçant mon âme d’une sombre mélodie. Mais cet endroit … Il m’appelait. Je n’y pouvais rien. Je n’y pouvais plus rien …

Le suite de la nuit fut sombre, tumultueuse et encore floue dans ma mémoire. Je ne sus pas vraiment où j’allais, ce que je faisais. Je crois m’être rendu dans le port de Tokyo, y avoir volé un barque, puis … plus rien. Comme si je m’étais endormi tout le trajet, et que seuls les courants m’avaient porté jusqu’à une île.

Je me réveillai le lendemain, aux environs de la moitié de l’après-midi, allongé sur la plage, sans aucune trace de la barque volée. Je n’étais plus comateux, ni dans cet état horrible que j’avais dû endurer pendant un an. J’étais incroyablement lucide. Cet endroit, si inconnu et familier, si proche de moi et si lointain, n’était ni effrayant ni rassurant. Je ne savais par où commencer, tant cet endroit, si parfait à mes yeux, me semblait irréel. Je ne craignais qu’une chose : me réveiller, comme toutes les autres fois, en larmes, hurlant, terrifié, et seul.


Je me mis en route, guidé par un doux murmure. Ce n’est qu’au bout d’une heure de marche que je me rendis compte que ce murmure n’en était pas un. C’était un chant. Un chant de cristal, un chant mélodieux, un chant d’harmonie et de paix. Ce chant envoûtant m’avait porté jusque dans mes rêves les plus fous.

J’étais arrivé.

Je tombai à genoux.

Devant moi se dressait la plus belle des récompenses.

Mon palais oublié, mon temple aux merveilles.

Dans une vaste plaine d’herbe verte, parcourue de longs chemins blancs, se dressaient huit tours.

Huit tours d’une beauté infinie. Défiant les cieux, ces bâtiments de pierre blanche se dressaient, intacts et splendides, comme si un peintre venait tout juste d’y mettre la touche finale. Tentant de toucher les nuages, les pointes des tours se confondaient avec le ciel.

Au fond de la plaine, plus loin, se dressait un large bâtiment, semblable à ces anciens colisées qu’on ne voyait plus que sur des photos. L’harmonie qui se dégageait de chacune des pierres de ce lieu me faisaient me sentir lourd et disgracieux.

Soudain, le soleil décida de laisser place à la nuit. Alors qu’il se couchait, le spectacle que m’offraient mes yeux prit une intensité inégalée. Une explosion de couleurs. Chacune des tours prenait une nuance de couleurs différente.

Je voyais l’or le plus beau, l’argent le plus brillant, le bronze le plus resplendissant.

Je voyais le rouge flamboyant, l’ocre électrique, le bleu profond, le marron doux, le blanc pur.

Les larmes roulèrent sur les joues.

La lumière se reflétant sur ses gouttes d’eau n’était qu’une pâle copie de l’explosion de beauté dont j’étais le témoin. Je souhaitais devenir aveugle, pour ne plus voir le monde si laid en comparaison. Je voulais m’éteindre, pour quitter le monde avec cette vision inégalable.

Les larmes dévalaient mes joues.

Je me sentais stupide.

Stupide d’avoir trop tardé. Stupide d’être resté là bas un an de plus.

J’étais chez moi.

Enfin.

Le chant qui m’avait accompagné jusque là s’éteignit en même temps que la lumière du Soleil, et il me sembla entendre :

« Bienvenue, Hikaru. Bienvenue à Terrae … »


Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Dim 17 Mai - 21:19

Partie deux : Chroniques d‘Hikaru. -Découvertes.


Au fur et à mesure que je commençais l’exploration de ce paradis perdu, je pus constater une chose : J’étais seul. Il n’y avait personne dans ces salles, personne dans les tours, personne dans des salles de classe que j’avais aperçu peu avant, personne dans l’immense bibliothèque, personne nulle part.

J’étais définitivement seul sur cette île, seul dans ce palais d’Or, d’Argent et de Bronze.

Je m’inquiétai d’abord de ma survie. Comment allais-je trouver de quoi manger, de quoi boire dans cet endroit ? J’ai donc arpenté les tours, et ai trouvé une grande salle qui ressemblait à un réfectoire …
Le spectacle me coupa le souffle. Non seulement cette salle immense était alimentée en électricité, mais en plus … tout était prêt. La salle embaumait l’odeur de nourriture, comme si tout avait été préparé il y avait quelques heures. Mais il n’y avait personne … Je commençais à avoir un peu peur de cet endroit, si vide, si abandonné, et tellement … Vivant. J’en frissonnai, mais ne me privai pas de manger pour autant.

Maintenant que la survie n’était plus un problème, je me décidai à explorer de fond en comble cet endroit qui m’émerveillait toujours plus à chaque pas.

La première Tour dans la quelle je pénétrai était vide. Vide, car il n’y avait pas de pièces. Elles étaient composées d’un simple couloir aux murs lisses, terriblement lisses … Qui s’élevaient jusqu’au toit. Pas une porte n’était taillée dans cette immensité rocheuse, dans ces Tours si envoûtantes. Il n’y avait que ce couloir infini. J’étais seul.

Tout au long de ma recherche, je ne trouvais aucune pièce dans toutes les Tours que je visitais, si ce n’est dans la Tour Argentée, où j’avais trouvé cette pièce immense qui servait sans doute de réfectoire, ainsi que d‘autres encore inexplorées. Tour après Tour, toutes étaient parfaitement vides. Pas une interstice, pas un trait tracé sur ces murs nus et lisses. Je crus devenir fou.

J’entrai en dernier dans la Tour qui m’avait tout de suite semblé paru la plus fascinante, -suivie de très près par celle qui avait des reflets gris, étrangement-, la Tour aux reflets d’Or pur. J’y entrai, presque sûr de ne trouver qu’un couloir. Mais deux portes étaient imbriquées dans le mur.

La première débouchait sur une grand pièce possédant de grandes fenêtres, et en son centre, un bureau de bois massif. Pas un gramme de poussière en ces lieux. Dans un mur, une carte gigantesque de l’île … Je touchai la surface de la carte, intrigué, et celle-ci laissa place à un écran géant, tactile, et qui me permettait de suivre les actualités dans le monde entier. Touts les grandes chaînes d’information y étaient, et les présentateurs débitaient leurs nouvelles en 10 langues différentes.

La seconde débouchait … dans ma chambre. La pièce était la copie conforme de l’endroit où j’avais passé la majeure partie de mon temps, et que j’affectionnais plus que tout. Tout y était : mon lit, mes livres, mon petit bureau, même la salle de bains adjacente y était.

Étrangement, ceci me parut parfaitement normal. Après tout … J’étais chez moi.

Une découverte majeure, qui scella mon destin, fut lorsque je découvris la bibliothèque.

De l’extérieur, cette pièce ne semblait pas bien grande. Mais lorsque j’y pénétrai … Il me faudrait des semaines pour parcourir cet endroit ! Les rayonnages, majestueux, en bois, trônaient sur toute la longueur de la pièce, par rayonnages, portant sur leurs étagères le lourd savoir accumulé par des générations.

Je passai environ une semaine en ces lieux avant de trouver ce qui allait changer ma vie de manière encore plus définitive que mon arrivée sur l’île.

Alors que je cherchais à retirer d’une étagère un vieux livre d’histoire, ce fut un autre qui tomba dans mes bras, comme par magie. Il s’intitulait « Histoire de Terrae ». Terrae ? C’était donc le nom de l’endroit où j’étais… Dans le dos du livre, gravé en lettres d’Or, une petite mise en garde était inscrite : «  Réservé au seul directeur ! »

J’haussai les épaules. Toutes ces fantaisies, ces malédictions, ces sorts … Je n’avais jamais cru à la magie, faute de temps et d’innocence. J’ouvris donc le livre. Ou tout du moins, tentai, en premier lieu.

L’antique objet refusa de s’ouvrir tout d’abord. Non pas comme si les pages avaient été collées par le temps, non, seulement comme si il refusait de s’ouvrir pour moi.

Soudain, la couverture sembla me brûler légèrement, et le livre s’ouvrit. Je lus pendant des heures et des heures sans m’arrêter. J’appris ici des choses que bien des hommes auraient du mal à croire… C’est ce qui m’arriva, au début.

Aussi, lorsque le livre s’ouvrit à une double page intitulée « Initiation », et que m’apparut le dessin d’un cercle, mélange de plusieurs symboles païens, je faillis éclater de rire et refermai le livre.

Cependant, ce cercle me tortura avec bien plus de force que je ne l’aurais cru.

Et c’est un soir que je découvris, le livre en main, une troisième salle apparue dans la Tour Or.

Immense, en son centre, au sol, possédant un vaste espace rond libre, des fauteuils moelleux un peu partout… Selon le plan fourni avec le livre, la « Salle des Masters ».  Masters ? Mais qu’est-ce que c’était que ça encore ?…


Comme hypnotisé, j’entrai dans cette grande salle. Sans réfléchir, je me mis à tracer ce cercle, trait pour trait. Une fois ceci terminé, j’y pénétrai, me posant en son centre.

Je fis alors comme j’avais lu dans le livre. J’utilisai les formules gravées pour canaliser l’énergie de mon corps. Alors que je me concentrais, les yeux fermés …

… Rien ne se passa. J’ouvris les yeux, et laissai échapper un rire ironique. La magie, ça n’existait pas. Alors que j’esquissai un pas pour partir du cercle, celui-ci s’illumina d’une lueur grise phénoménale. La douleur rentra en moi, j’hurlai, elle me traversa tout entier.

Je tombai à genoux. La douleur … Elle était insoutenable. Je tentais tant bien que mal de retenir cette force … J’abandonnai, et la douleur doubla, tripla d’intensité. Je crus devenir fou. Des larmes de douleur partirent s’écraser sur les symboles tracés à la craie, en effaçant un …

J’allais mourir. La douleur était trop insoutenable. Elle s’insinuait dans tous les recoins de mon corps, dans ma tête… Ma tête. Elle allait exploser. Je la tenais à deux mains, comme pour contenir cette puissance qui allait me rendre fou.

Mes yeux devinrent gris clair. La lumière sortait par tous les pores de ma peau … Je sentais quelque chose qui s’insinuait dans mon crâne … Et cette chose me rendait encore plus puissant, je le savais.

La douleur me tuait. Je sentais que j’allais mourir à cause de ça. Mes yeux virèrent au gris foncé. Une onde de puissance brisa toutes les fenêtres de la pièce. Je ne cessais d’hurler, sans discontinuer. Le cercle et moi ne faisions qu’un … Une seule unité de puissance.

J’étais fort. Je sentais la douleur refluer peu à peu, et la puissance ne cessait, en comparaison, de croître.

Lorsque je pus enfin tenir debout, je regardai, de mes yeux gris envahis par les larmes, ce qu’il restait de la salle.

Il n’y avait plus rien. Les sièges avaient volé en éclats, les vitres étaient brisées, et gisaient, en mille morceaux, sur le sol.

Je laissai tomber les mains qui tenaient ma tête. Mes bras, ballants, virent battre mes flancs.

Deux lames de vent gigantesques frappèrent le mur derrière moi d’une forme de croix.

Je regardai mes mains, ébahi. Deux certitudes me frappèrent soudain .

J’étais fort.

Il y avait deux personnes dans ma tête. Hikaru et …


«  Je n’ai pas de nom. Rassure toi Hikaru. Je vais dormir. Tu ne me reverras pas … avant de commettre un faux pas. »

Le 17 Mai.
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Dim 28 Juin - 4:09

Chapitre trois : Chroniques d’Hikaru : Rencontres.


La voix qui avait résonné dans mon crâne avait tenu promesse. Jamais elle n’avait refait surface. Cependant, j’aurais préféré. La solitude que je ressentais s’était terriblement accentuée depuis que je savais qu’Il -sa voix m'avait paru masculine- était en moi..

Et le fait de me retrouver seul pour maîtriser ce pouvoir me plongeait dans un désespoir sombre.

Ce pouvoir était la chose la plus incroyable qu’il me soit arrivée. Je le sentais infini. Abondant. Et terriblement perceptible. Il n’était pas un rêve. Il n’était pas vraiment un cauchemar. Ce pouvoir totalement indescriptible était en moi. Quand je m’endormais, seul, le soir. Lorsque je me réveillais, seul, le matin. Jamais je n’ai cherché, à aucun moment, à m’en servir. Il me terrifiait.

Cependant, j’en fus forcé, lorsque je croisai quelqu’un au détour d’un couloir.

Un homme, jeune, aux cheveux d’un rouge flamboyant, me toisait du haut de son mètre quatre vingts avec arrogance au détour d‘un couloir, tandis que je revenais d‘une de mes énièmes expéditions à la bibliothèque.. Nos deux questions fusèrent en même temps alors que nous nous arrêtâmes, tout autant surpris l‘un que l‘autre.

«  Qui es-tu ? »

Ce fut moi qui répondis le premier.

- Je suis Hikaru. Et …

Je réfléchis un instant. Qu’avait dit le livre ?… Que j’étais directeur, étant donné que j’avais pu le lire. Je relevai ma tête, fixant mes yeux verts dans les siens, qui étaient marrons rougeoyants.

- Je suis le directeur de cet endroit.

Il éclata alors de rire, amer, et … fou.

Je le sentais rongé par la puissance. Je le sentais, car je … voyais tous les maux qu’il avait en lui. Je n’aurais pas pu le décrire autrement. Je voyais par … flashs tous ses maux. Une ancienne blessure mal cicatrisée à sa cuisse gauche lui avait endommagé le muscle et désormais il boitait légèrement. Une autre blessure au torse avait laissé une ligne blanche. Mais le mal le plus important était celui qui était centralisé dans son cerveau. Ou aurais-je dû dire les deux maux. Le premier était une …division de la pensée. Une schizophrénie ? Ou bien plus que cela. Et une destruction des cellules nerveuses les unes après les autres. Cet homme allait mourir de folie ou plus simplement d’un arrêt cardiaque. En fonction de ce que le hasard lui réserverait. Fort de cette constatation, je reportai mon attention sur l’identité de cet homme, qui acheva de rire pour me regarder.

- Moi ? Je suis Adam Hitoa. Et JE suis le directeur de cet endroit, gamin. Tu n’as rien à y faire. Si tu es le nouveau directeur, il faudra que tu me tues pour prendre ma place.

Il fit craquer ses phalanges avant de me regarder.

- Mais si je te tue … Je resterai directeur.

Et, sans qu’il ne me prévienne de quoi que ce soit, il bondit … Le poing enflammé.

Un maître du feu ? Je ne voulais pas me battre ! Je détestais ça. Il en était hors de question ! Quelle était cette histoire ?!

Le coup de poing m’atteignit au visage, me brûlant au troisième degré une partie de la joue, du menton et du cou. J’hurlai de douleur et me plaquai au sol, les mains sur ma blessure …

… Je n’avais plus mal. Je touchai ma peau neuve, sans aucune imperfection, lisse, sans la trace d’une blessure. Je ne comprenais plus rien. J’avais pourtant été touché ! Je me relevai, surpris, tandis que le roux me regardait avec une surprise amusée.

- Un guérisseur, hein ? Je vais bien m’amuser. En plus tu ne sais pas te battre. Je ne vois même pas pourquoi tu as ta place ici.

Je le foudroyai du regard.

- Tais-toi ! J’ai ma place ici au même titre que toi ! Si Terrae m’a accepté, c’est parce que j’avais besoin de ce refuge, de cet endroit ! Alors ne me juge pas !

Il répondit à ma verve par un sourire narquois.

- Ca fait 150 ans que j’attends. J’ai bien le droit de sélectionner mon successeur. En garde, gamin !

Je le regardai et éclatai de rire avant de me mettre en garde.

- 150 ans ? Tu n’es qu’un pauvre fou. Et cesse de jouer avec moi comme ça ! Je ne suis pas un gamin. Et tu n’as aucun pouvoir sur moi !

Je l’attaquai, la paume en avant. En sortit contre ma volonté une masse de vent qui projeta mon adversaire quelques mètres plus loin. Il se releva, souris, et m’adressa ces mots :

- On n’en connait jamais assez sur Terrae. Mais sache que si tu me bats, tu gagnes un ticket pour l’immortalité.

Ces mots cessèrent de m’agacer. Et j’engageai le combat. Qui fit des trois heures suivantes celles que je considérai comme les plus ardues et difficiles de mon existence. J’appris par la suite qu’il avait été stupide de dire ceci. J’avais fait tellement pire depuis !

Cet homme, Adam, avait un pouvoir singulier. En plus de maîtriser les flammes, il devenait … Invisible. Il jouait avec moi.

Durant ses trois heures, j’appris tout : à me battre. A utiliser le vent. A guérir de toutes les blessures. J’appris même à apprécier Adam, qui fut le plus terrible des maîtres, le plus intransigeant. J’avais toute une vie de pratique (je ne savais toujours pas s’il se moquait de moi pour les 150 ans, mais en tout cas Terrae était tellement surprenante que je me plaisais à y croire) en trois heures.

Les dernières minutes, Adam chuchota quelques mots incompréhensibles, et ses bras furent recouverts de tatouages sombres. Ses yeux devinrent d’un rouge profond, et il s’avança vers moi, brillant de lumière pure.

- Tous m’ont abandonné. Je suis seul. Tu as dû le remarquer, je suis malade. Gravement. C’est parce qu’il est parti. Maintenant, tue moi. Et mérite ta place … Hikaru.

Il m’attaqua, m’envoyant un rayon de … lumière ?! Comment faisait-il cela ?… Je me décidai à respecter les volontés de ce fou qui était mon maître. Je passe les détails, tant ils furent horribles pour moi. Tenant le corps d’Adam, je le fixai, tandis qu’il me demanda de l’adosser au mur de Terrae. Il me regarda et souris.

- Grave ces paroles dans ton cœur, Hikaru. Ce sont mes derniers. Ne fais pas mes erreurs. Protège les êtres qui te sont chers de toute ton âme, de toute ta force. Aime les autant que tu le peux. Ce sont eux, les lumières de ton existence. En toi, je vois briller une lumière… éblouissante, Hikaru. Fais en sorte que personne ne la ternisse… Pas même toi …

Il s’arrêta un instant pour tousser du sang.

- Je … Je vais te dire une chose. Terrae … Va te changer. Te bouleverser. T’apprendre bien plus que n’importe qui. Terrae est vivante, Hikaru… Vivante … C’est une âme, un esprit … Et tu es celui qu’elle a choisie pour faire passer son message à ceux qui t’entourent.

Il me fixa et pesa ses mots.

- On peut toujours changer. Pour protéger ce qui nous sont chers. En chacun réside le pouvoir … de changer le monde !…

Il ferma les yeux, souriant, puis approcha sa main de mon torse. Une boule de lumière apparut dans ses paumes, il me l’enfonça dans le cœur. J’hoquetai sous l’effet de la douleur … qui ne vint jamais. Il rouvrit les yeux pour sourire.

- Tu sauras en temps voulu ce que je t’ai offert. Ce que nous vous avons offert. Adieu Hikaru. Puisses-tu voir avec discernement la lumière qui brille dans le cœur de chacun des hommes.

Il regarda le ciel, paisible. Il semblait plus harmonieux que jamais. Je le vis sourire, et je crus entendre, tandis que son âme s’envolait vers les étoiles, un nom.

«  Eva… » 

Je n’y avais rien compris. Ce que je vis lorsque je reportai mon regard sur le mur où était adossé mon maître, ce n’était qu’un tas de cendres, qui s’envola, balayé par le vent. Je fermai les yeux, faisant le deuil de cet ami, ce fou, ce maître connu et inconnu trop vite.

Lorsque je les rouvris, j’entendis une voix. Elle me perçait la tête avec violence. Une voix de douleur, de sang, de larmes. Mais je n’avais pas peur. Je n’avais plus peur.

Je savais où aller.

Il m’appelait.

Il allait être le premier.

Je me laissai guider à travers les pays par cette voix. Je savais d’où venait ce cri. D’où venait cet Appel.

Je me retrouvai quelques jours plus tard, dans les rues sombres d’un quartier de Nagoya. Un homme, celui de l’Appel, hurlait, pleurait toutes les larmes de son corps, frappait dans tout ce qui bougeait, pour s’arrêter et hurler encore sa douleur. Il se tenait la tête, et vociférait contre « cette voix »…

Je m’avançai dans la ruelle, sans qu’il ne me remarque. Puis, sans que je ne m’en rende compte, un son ténu, s’échappa de mes lèvres. Le prélude à une mélodie. L’éveil du Murmure.

Le son franchit mes lèvres, et, bientôt faible, il ne cessa de s’amplifier, pour que je le modèle, le tisse, le forme. Le Murmure était apaisant, et, bientôt, je sentis le douleur de cet homme quitter ma tête en même temps qu’elle quittait la sienne.

Au bout de quelques minutes, je me stoppai. Lui se releva de toute sa stature et me regarda, à la fois reconnaissant, apaisé et inquiet. Je choisis alors de tendre la main amicalement, comme pour le saluer, et pris la parole.

- Je suis venu t’offrir un choix. Le premier, je m’en vais, et tu m’oublies. Le second, tu me suis, et tu oublies tout le reste. Je suis venu offrir une réponse à tes questions. Suis moi si tu le souhaites.

Il s’avança en silence, sortant de l’ombre. Je le regardai. Il était grand, de mon âge, beau, sans doute. Brun, aux cheveux lisses et mi-longs, aux yeux tout aussi sombres, cependant en cet instant rongés par un conflit qui ne m’échappait guère. Il était mon exact opposé. Il me regarda, et me demanda :

- Qui es-tu ?

Je lui souris doucement.

- Je suis Hikaru.

Il répondit doucement à mon sourire, une lueur de défi s’allumant dans ses yeux.

- Hikaru, je te suis. T’as pas intérêt à me rouler dans la farine !

Il me passa littéralement devant, sans prendre ma main, avant de se retourner, un grand sourire aux lèvres.

- Eh mon pote ! Au fait, moi c’est Zane. Ravi de te rencontrer, gars !

Il éclata de rire, et je le rattrapai, un sourire aux lèvres.

Je n’étais plus seul.

Pour de vrai cette fois.

Zane devint tout simplement mon meilleur ami. Mon frère. C’était inévitable. Je lui ai appris à vivre à Terrae. Une chambre avait été crée comme par… magie dans la même tour que moi. Je lui fis passer son initiation, et l’aidai comme je le pus. Lui ne souffrit pas.

Il était un maître de l’Eau. Et un … on avait décidé d’appeler ça un Morphe. Il se transformait en ce qu’il voulait. Animal ou être humain, bien qu’il préfère les animaux. Plus particulièrement le Loup. Il ne cessait de se transformer en cette bestiole pour courir et sillonner l’île, parfois seul, d’autres fois en ma compagnie.

Il se révéla être d’une intelligence hors du commun, et d’une stratégie implacable. De plus, il obtint … Une sorte de pouvoir supplémentaire. Lorsque j’eus débloqué tout ses pouvoirs, ses bras devinrent incandescents. Là il se mit à hurler de douleur. Dans le creux de ses poignets apparurent deux cercles tracés au symbole de cet endroit. Un pentagramme entouré par des signes grecs et d’autres écritures mystérieuses.

Lorsque de ces cercles sortit un jour une chaîne argentée qui se terminait par un pistolet, nous l’appelâmes la Greffe.

Zane avait obtenu la première Greffe de l’histoire de Terrae. De notre histoire.

Je l’admirais. Il était tout ce que je n’étais pas. Ouvert, bavard, intéressant, drôle. Puissant. Il était devenu une sorte d’idole. Un peu comme si il était mon frère et que j’essayais de suivre ses pas désespérément.

Un jour, alors que nous discutions de notre avenir sur cette île, et des possibles futurs pour nous et, qui sait, peut être d’autres personnes ici, un cri mental nous fit nous relever de l’herbe haute dans laquelle nous nous étions assis pour regarder les étoiles.

C’était un cri de femme.

Un cri de douleur pure qui nous déchira le cœur et l’esprit. Nous nous regardâmes, et, sans un mot, partîmes à sa recherche. Zane me surprit une fois de plus, en trouvant un hangar à jets privés et en apprenant le manuel de l’un d’entre eux en mois de deux minutes.

Cinq de plus, et nous étions en route pour Nara. La vois venait de là-bas.

Ce soir là, je m’en souviendrai toute ma vie.

Ce soir là il pleuvait des trombes d’eau -une des si fréquentes tempêtes tropicales japonaises faisait rage, bien loin de nous sans doute, mais assez pour nous arroser complètement.

Les cris de douleur et les pleurs nous menèrent à un cimetière, loin de la ville d’un kilomètre. Un vélo était posé contre la grille, et celle-ci était ouverte. Nous entrâmes, inquiets pour le spectacle que nous allions trouver.

Celui que nous vîmes nous coupa le souffle.

Une jeune femme était allongée contre une pierre tombale, accrochée par ses bras, et pleurait toutes les larmes de son corps.

Ce soir-là, tu portais un pull trop grand, sans doute un ancien de ta défunte mère, blanc taché de boue et de larmes, et une jupe rouge, d’uniforme scolaire, que tu avais gardée jusque là. Tu te souviens ?…

Sans hésiter, nous mêlâmes nos deux Murmures dans le but de faire cesser la voix qui hurlait sa peine et nous faisant tant souffrir tous les trois. Petit à petit, ses sanglots se calmèrent, et la jeune femme se décrocha de la pierre tombale.

Lorsqu’elle tourna les yeux vers nous, j’en eus le souffle coupé. Pour deux choses.

Sous les yeux, j’avais la mention de la pierre tombale qui disait :

Eva Hitoa
1956-1979.
Une jeune femme formidable, qui n‘aura pas eu le temps d‘être mère, partie trop tôt. RIP.

Eva Hitomi … La sœur d’Adam ? Sa femme ?

J’eus la réponse en regardant cette femme si belle.

Ses yeux verts nous dévisageaient avec défi et inquiétude, tandis que ses cheveux roux mouillés lui tombaient sur les épaules. J’avais devant moi la fille d’Adam. Eve était sa mère. J’aurais pu mettre ma main à couper qu’elle avait ses yeux.

Ensuite, comme je l’avais dit précédemment, elle était belle. Et encore, l’adjectif était bien trop faible pour la représenter. Même tachée de boue, les traces de ses larmes tracées sur ses joues, elle était sublime, adorable, forte, terrible, grande, merveilleuse, superbe.

Je regardai Zane et compris alors.

La constatation me tomba dessus avec la force du cyclone au dessus de nos têtes.

Devant nous se tenait la plus belle femme que j’aie jamais rencontré.

Et Zane et moi en étions tombés plus qu’amoureux dès le premier regard.


Le 28 Juin, un autre longue nuit d'insomnies et de cauchemars éveillés.
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Ven 10 Juil - 2:03

Chapitre quatre : Chroniques d’Hikaru : Douceur et désillusions.

Les jours qui suivirent furent comme un rêve.
Je ne peux dire avec exactitude combien de temps s’est écoulé depuis notre rencontre, tant elle semble encore irréelle dans mon esprit.
Elle nous connaissait comme si nous avions toujours vécu ensemble.
Mais tout est arrivé tellement vite …

Mais reprenons là où j’avais laissé mon récit.

Nous l’amenâmes à Terrae alors que le Soleil se couchait. Lorsque nous arrivâmes en ces lieux, Alia découvrit cet endroit dans toute sa splendeur.

Je l’observais en cachette, la laissant savourer cet instant unique. Moi je ne voyais plus qu’elle. Oh, Zane aussi, je n’en doute pas, je n’en doute plus désormais.

Lorsque des larmes perlèrent à ses joues, je trouvai l’Institut laid. Il était immonde, hideux, tellement disgracieux en comparaison.

Tout simplement parce qu’elle nous avait offert, en cet instant, son premier sourire.

Il était doux, radieux, fort, faible, pur, torturé, il était Tout et à côté je n’étais Rien. Je respirai une bouffée d’air doucement, à la fois pour garder la sérénité qui hantait mes traits, mais aussi pour profiter de cette sensation pure, nouvelle, et terriblement agréable.

La vue de son sourire faisait se dissiper tout le reste. Je trouvais en cet instant une seule réponse à beaucoup de questions.

Qu’emmènerais-je partout avec moi ? Son sourire.
Quel était le plus beau spectacle que m’avaient offert mes yeux ? Son sourire.
Qu’est-ce qui pourrait selon moi changer le monde ? Son sourire.
De quoi ne pourrais-je me passer ? Son sourire.

Son sourire. Même maintenant alors que j’y repense je ne sais par où commencer pour décrire les sensations qui m’assaillaient à chaque fois qu’il m’apparaissait, aussi, le résultat peut sembler brouillon, et cela a le don de m’agacer au plus haut point. Mais on fait avec ce que l’on a, et, de toute manière, je crois que jamais les mots ne pourraient fixer tout ce que j’ai pu ressentir en cet instant.

Je me rendis compte au bout de quelques instants que nous n’avions pas à un seul moment entendu le timbre de sa voix. Désireux d’entendre le son qui irait avec cette apparition, je m’étais avancé, silencieux, un léger sourire aux lèvres, et surtout, oh oui, surtout, rouge comme une pivoine.

Le résultat fut au-delà de toutes mes espérances.

Après m’avoir regardé d’un air amusé, elle m’avait répondu sans se départir de son sourire.

Elle n’avait prononcé que trois mots. Trois petits mots anodins.

«  Je suis Alia »

J’avais senti mon cœur s’envoler, décoller littéralement.

Sa voix… Je ne pouvais la définir. C’était un carillon, un doux carillon, qui sonnait doucement au vent. C’était une mélodie tendre, qui faisait résonner le timbre de mon cœur.

Elle n’avait prononcé que trois mots et mes sentiments avaient enflé, doublé, triplé de volume et d’intensité, à tel point qu’ils me déchiraient la poitrine.

Puis ses lèvres avaient de nouveau bougé, et elle avait parlé de nouveau, apparemment inconsciente du trouble qui me dévorait tout entier.

«  Et vous ?… Qui êtes vous ?… Et … Que faites vous ici ? »

Je la regardais encore et encore, ne voulant détacher mes yeux d’elle, du spectacle que tout son être semblait donner en permanence.

Ce qui fit que Zane répondit avant moi.

«  Je suis Zane. Et voici Hikaru. Ici … Ben c’est un peu un refuge pour ceux qui n’ont nulle part où aller. Pas vrai Hikaru ? »

L’appel de mon nom me tira de mes pensées. Je secouai la tête pour tenter de la chasser de mon esprit -impossible. Elle s’était déjà gravée en lettres de feu dans mon crâne, mon esprit et mon cœur. Je la regardai, et tentai de sourire, mais détournai le regard, gêné, et très certainement rouge.

- Euh … Oui, en effet. Cet endroit se nomme … Terrae. Et c’est un refuge. Notre refuge.

Je relevai la tête vers elle. Elle devait devenir comme nous. Je voulais savoir. Savoir de quel élément elle était la Reine.

Elle passa ce qu’on appelait l’Initiation.

Elle devint une maîtresse du Feu. Et … Une Invisible. C’est le nom qu’on lui donna. Elle pouvait disparaître à tout instant, selon sa volonté, et même faire disparaître ce qu’elle voulait avec elle.

Mais c’est sa greffe qui me coupa le souffle.

Alia était un phénix. Un phénix de Feu, de flammes, un brasier volant, une créature surnaturelle d’une beauté à couper le souffle.

Sa greffe consistait à la doter d’ailes enflammées, et ses mains devenaient des serres aiguisées. Son corps, entièrement recouvert de flammes, ne laissait plus apercevoir d’elle que sa silhouette et ses yeux blancs sans pupille.

Elle était belle. Elle était puissante. Elle était notre Reine. Tout simplement.

A tout moment, elle était pleine de surprises, pleine de ressources. Elle était pleine de vie, et savait redonner espoir à ceux qui n’en avait jamais eu … J’en faisais sans doute partie, et j’étais attiré par sa lumière comme par un aimant.

Tous les hommes du monde avaient dû trouver en elle la source de toutes les créations. Les peintres l’avaient prise pour modèle pour peindre les anges. Les musiciens avaient écouté sa voix et son rire pour composer les plus belles ballades, les plus belles symphonies. Elle avait dû naître déesse, et, par peur de se voir détrônés, les autres l’avaient envoyés sur Terre pour tenter de la faire briller d’un éclat moins resplendissant. Alia était la fille d’Adam et d’Eva. Elle était un Tout. Elle était Tout. Elle était mon Tout.

Elle savait illuminer nos jours de tendresse et de bonheur, de douceur et de joie. Lorsqu’elle riait, on aurait cru que le monde était à nos pieds.

Son rire. Dois-je m’éterniser dessus ? Je pourrais en remplir des pages et des pages que ce ne serait pas suffisant. Je ne serais jamais à la hauteur. Je pourrais percer les pages à force de les charger de mes émotions que le résultat serait bien pâle.

Alia adorait rire. Mais c’est en murmurant, qu’un jour, elle nous avoua ce qu’elle faisait dans ce cimetière, ce jour de pluie, à pleurer si fort …

Elle avait perdu sa mère un an à peine après l’avoir connue. Son père disparut en même temps, rongé par la douleur. Elle avait été élevée par sa grand-mère, qui lui peignait ses parents comme des héros. Son père était un Dieu, sa mère sans doute aussi. Pour Alia, ses parents étaient les héros de ses histoires d’enfant, celle qu’on demande toujours à être racontées sans cesse, et qui ne lassent jamais.
Elle avait pris l’habitude de parler à sa mère dès que quelque chose n’allait pas, ce, d’abord avec sa grand-mère, puis bientôt seule.
Sa grand-mère ne put bientôt plus l’accompagner, rongée par une maladie, qui lui obligea à rester alitée à l’hôpital. Alia venait tout juste d’avoir 17 ans, et, déjà, elle savait que bientôt plus personne ne l’attendrait ici.
Alia était la plus belle du lycée qu’elle fréquentait. Mais sa gentillesse fut prise pour de la naïveté, et, le jour où sa grand-mère rendait son dernier soupir, Alia se fit suivre dans les rues qui menaient à son appartement…
Un groupe de jeune du gang du coin la piégèrent, et tentèrent de lui arracher ses vêtements. Sa chemise se retrouva bien vite en lambeaux, mais elle réussit à s’échapper, rentrant en courant chez elle … Pour recevoir un coup de téléphone qui lui annonçait le décès du seul parent qui lui restait sur cette Terre.
Elle décida alors de parler à la seule qui pouvait encore l’aider … sa mère, la priant pour lui envoyer de l’aide.

Elle nous avoua ce même jour qu’elle nous avait tout d’abord pris pour des anges. Et elle ajouta qu’elle ne pensait pas s’être trompée …

Je me souviens encore de ma réaction de ce soir là. Je m’étais levé, neutre, sans aucune émotion sur le visage, après son récit. A l’intérieur je bouillonnais. J’allais les tuer. J’allais tuer ceux qui avait osé lui faire du mal. Ceux qui avaient osé la toucher.

Ils m’avaient appelés. Oh oui, Zane et Alia m’ont appelés bien des fois. Je ne me suis retourné qu’une fois, avec un sourire, pour leur dire que j’allais faire un tour.

Ils ne m’ont pas cru.

Ils ont eu raison.

Mais vous m’avez laissé partir. Je me souviens encore du moindre de tes traits. Tu étais inquiète. Tu savais où j’allais. Mais tu avais peur. Peur pour moi … ou bien peur de moi ?…

Je crois que c’est la première fois de ma vie que je me laissai emporter autant.

Je les avais retrouvés facilement.

Les tuer … fut un jeu d’enfant.

J’étais devenu un démon. J’ai adoré les tuer. Parce qu’ils lui avaient fait du mal. Ce n’est que le lendemain matin, lorsque je regardai d’un air éteint les rayons de lumière percer à travers les carreaux sales du trou dans lequel ils se terraient que je compris.

Je me regardai dans un reflet. J’avais le visage tatoué de sang. Ce n’était pas le mien. J’avais les mains tachées de sang. C’était le leur.

Je regardai les corps froids autour de moi. Du sang recouvrait presque entièrement le sol.

Je les avais tués.

Je regardai une nouvelle fois mes mains.

C’est alors que je compris.

Ils étaient morts. Je les avais tués. J’étais un meurtrier.

Je me mis à hurler, la tête entre les mains.

La voix qui autrefois m’avait rassuré, alors que j’étais seul, ne dit rien cette fois. J’aurais aimé qu’elle rompe sa promesse, et qu’elle vienne m’expliquer … Pourquoi. Comment.

Je les avais tués. Parfaitement conscient de mes actes.

Je les avais tués. Je les avais tués.

Je revins à Terrae sans la moindre tache de sang sur moi, sans la moindre terreur sur mon visage. Je les avais tués pour elle. Ils avaient osé. Osé lui faire du mal. Je m’étais forgé cette excuse avec le reste de force mentale qu’il me restait.

Je m’étais effondré, un léger sourire aux lèvres. Je m’étais effondré dans ses bras, les yeux clos, respirant à plein poumons son parfum, me convainquant que j’avais raison.

Mais lorsque j’étais de nouveau seul, lorsque les ténèbres de ma chambre m’assaillaient, oui, je ne dormais plus, non, je ne cessais d’hurler lorsque je le faisais.

J’étais un meurtrier.

J’avais tué par passion. J’avais surtout tué par pulsion.

J’étais un meurtrier.

Durant toute une période je restai ainsi, presque alité. Je ne bougeais plus, je ne parlais presque plus, je ne mangeais plus, je ne dormais presque plus.

Je sais que durant cette période, Zane, lui, fut là à ses côtés.

Oui, Zane, lui, n’était pas un meurtrier. Non. Il était pur, droit, franc, ouvert. Il était toujours avec elle. Et moi je ne pouvais rien faire. Rien faire parce que moi, j’étais sombre, menteur, solitaire, et surtout fou.

Fou d’amour, fou de haine, fou de meurtres, fou de bonheur.

Ce qui me guérit, ce fut sa voix.
Ce qui me hante encore, c’est son chant.
Ce qui me tira des ténèbres de la dépression, ce fut son Murmure.

Elle le tissa un soir, sans le savoir. J’étais allongé dans l’herbe, regardant les étoiles, pensif, lorsqu’elle s’était posée à mes côtés.

Jamais mon cœur n’avait battu aussi fort. En cet instant, j’aurai pu me jeter à ses pieds, lui pleurer des mots d’amour, juste pour qu’elle reste avec moi. Jamais je n’avais été aussi heureux. Elle était là, à mes côtés, de son plein gré.

J’attendais qu’elle prenne la parole. Moi je restai silencieux, à regarder les étoiles, tout en tentant de me persuader qu’elles étaient aussi jolies qu’elles.

Elle ne parla pas. Elle fit mille fois mieux.

Elle chanta.

C’est pour moi qu’Alia tissa son Murmure pour la première fois. Jamais je ne compris pourquoi. Le fait est que ce jour là, ce soir là, cette heure là, ces quelques minutes là, jamais je ne pourrai les oublier.

Son Murmure était si beau que tout le reste se tut. Les insectes cessèrent de crisser, le vent de souffler, l’eau de bouillonner violemment au pied de la cascade non loin.

Terrae s’était tue pour entendre sa voix.

Terrae reconnaissait Sa voix.

Je fus un instant absorbé dans une autre dimension, un autre monde. Un monde où il n’y avait qu’elle et moi. Un monde où elle me chantait des mots d’amour, un monde où j’étais heureux avec elle. Un monde où je n’avais qu’elle à contempler, un monde où je n’avais que mes yeux pour la voir.

Sa voix chantait une mélodie d’espoir, une mélodie de jours rayonnants, une mélodie du vent, sa voix m’enveloppait et me berçait…

Sa voix me guérit.

Lorsqu’elle cessa, je me mis à pleurer silencieusement, dans le noir, les mains derrière la nuque, les yeux clos, les lèvres pincées pour ne pas lui hurler que je l’aimais plus que tout au monde.

Terrae se remit à chanter, ensuite, lorsqu’elle se tut. La nature reprit les droits qu’elle avait, et le bruit de l’île m’envahit petit à petit.

Cependant, rien ne possédait ce son si pur.

Alia, ce soir là, tu m’avais envoûté, tu le sais ?… Jamais je n’avais été autant à toi qu’à cet instant. Tu m’avais tout pris : âme; esprit, cœur, que tu avais déjà depuis longtemps. Tu n’as laissé de moi qu’une coquille vide, lorsque tu es repartie, silencieuse, avant que j’ai pu dire un mot.

Tu as tout pris de moi ce soir là. Tu ne m’a rien laissé. Je ne suis plus qu’une enveloppe vidée de son âme. Oui, Alia, tu n’es qu’une voleuse. Tu m’as tout pris, absolument tout, et jamais tu ne m’as rendu quoi que ce soit …

Je n’ai pas compris, ce jour là, pourquoi tu avais fait ça. Pourquoi est-ce que tu étais venue, pourquoi est-ce que tu m’avais offert tant, pourquoi est-ce que tu étais repartie avec bien plus, et pourquoi Zane, que j’avais entendu depuis longtemps, était reparti sous sa forme de loup aussitôt après …

D’autres jours s’écoulèrent en leur compagnie, tous si doux, si purs. Alia me donna envie de me remettre au violon. Pour elle je travaillais jour et nuit. Pour un jour pouvoir accompagner sa voix.

Elle nous offrit des pendentifs à l’effigie du symbole de Terrae. Un cercle, en son centre un pentagramme. Le cercle n’était pas plus gros qu’une pièce de deux euros, la chaîne et le pendentif, en or.

Jamais je ne le quittai, depuis ce jour. Zane non plus.

Je pense que c’est là que nous sommes devenus les trois Originels. Plus forts que des Hommes, presque des Dieux, nous étions jeunes, nous étions puissants, nous étions pleins d’espoir. Pour la vie. Et bien plus encore.


Dernière édition par Philos le Ven 10 Juil - 2:07, édité 1 fois
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Ven 10 Juil - 2:04

Chapitre quatre, partie deux, après une petite interruption... (je me suis assoupi en faisant l'erreur d'écouter ta voix une fois encore)


C’est Alia qui nous proposa de faire profiter de Terrae à d’autres. Ce fut elle qui nous donna cette idée, elle qui lança les recherches.

C’est alors que la première génération arriva. Des jeunes venus de nulle part et d’ailleurs, tous avec ou sans histoire.

Tous avaient un point commun.

Tous cherchaient un refuge.

Et tous le trouvèrent.

Nous mîmes au point, avec Zane et Alia, un système pour permettre aux jeunes ici de comprendre ce qui leur arrivait petit à petit. Les rangs furent créés. Les uniformes adaptés à chacun se retrouvèrent dans les penderies sans que personne ne comprenne pourquoi.

Parmi eux, il y avaient trois jeunes, qui se connaissaient depuis toujours. Je ne donnerai pas leurs vrais prénoms ici, je n’en ai pas le droit sans leur autorisation. Je vis en eux un potentiel incroyable.
Ils étaient complémentaires. Ils étaient puissants. Ils étaient parfaits. Ils gravirent les échelons avec une rapidité démesurée. Ils devinrent l’équipe d’élite de Terrae. Ils devinrent Light, Frost et Noa. L’élite de l’Institut -car Terrae en était devenu un, sans aucune hésitation.

D’autres arrivèrent. Parmi eux une jeune fille difficile que Zane prit immédiatement sous son aile. Pourquoi je n’en sais rien. Je pense qu’au départ, c’était un caprice de sa part. Il cherchait à se prouver qu’il pouvait s’occuper de quelqu’un. Mais il finit par l’apprécier. Elle n’avait d’yeux que pour lui. Mais jamais elle n’a vu que son dos. Jamais elle ne l’a vu se retourner vers elle. Toujours il était tourné vers Alia.
Cette jeune fille devint une femme. Cette femme devint un master. Ce master était Electra.
Un destin funeste l’attend … Je ne peux rien pour elle, si ce n’est l’aider à réaliser son rêve.

D’autres arrivèrent, tous talentueux. J’étais heureux. J’avais trouvé une raison de vivre. Tellement heureux que je nommai Alia et Zane directeurs avec moi.

Je fus surpris de constater que le bureau ne s’agrandit pas pour eux, comme Terrae avait toujours fait.

Si seulement je savais ce que j’avais déclenché …

Un jour d’hiver, un jour où il neigeait, Alia revint me voir comme elle l’avait fait auparavant, sous ce ciel étoilé. Sans prévenir. Sans rien dire. Sans s’annoncer.

Elle avait toujours adoré la neige. Je l’avais vu à ses yeux émerveillés durant les hivers que nous avions partagés tous les trois. Je l’avais toujours vu.

Sauf que cette fois-ci, ce fut différent.

Elle parla.

Et pour une fois, j’aurai préféré ne pas entendre ce qu’elle me disait.

Elle ne prononça que quelques mots de sa voix cristalline, comme d’habitude.

Mais ces mots qui toujours m’avaient donné l’impression de construire des marches vers le Paradis me détruisirent et m’envoyèrent pas très loin de l’Enfer.

Elle regardait les flocons tomber doucement, un léger sourire sur ses lèvres, les mains dans le dos, son haleine faisant se dessiner des volutes chaudes dans l’air glacé.

Moi, j’attendais, les mains dans les poches, silencieux, comme à mon habitude. J’attendais, et j’attendrai toujours que tu parles, Alia …

C’est avec ce même petit sourire qu’elle me dit :

« Hikaru …Hikaru, j’ai besoin de toi. »

Je la regardai, interloqué, puis lui répondis doucement.

« Je t’écoute »

Elle me regarda un instant, une lueur dans les yeux. Elle souffla, les yeux dans le vague.

« Hikaru … Je suis amoureuse. »

Je sentis mon cœur décoller. Non. C’était impossible. Non … Elle ?… Je restai silencieux, mon esprit cependant agité par une douce tourmente. Elle murmura, comme cette fois où elle nous avait tout raconté.

« J’ai choisi Zane, Hikaru … »

Je reculai d’un pas, comme frappé par une gifle. Des larmes amères me montèrent aux yeux. Je n’en montrai rien, les refoulant, la tête basse. Je crus voir qu’elle attendait quelque chose de moi. Je refoula ma haine, ma tristesse, je refoulai tout pour faire le point.

Après tout, j’aurais dû m’en douter. Zane était tout ce que je n’étais pas. Il avait toujours été le meilleur. N’est-ce pas le rêve de chacun de voir ses deux meilleurs amis tomber amoureux ?… Je relevai la tête, me forçant à sourire, me forçant à ne pas pleure, à ne pas hurler, à ne pas m’enfuir.

« Que veux-tu que je te dise ?… Je … Je suis heureux pour toi. Si c’est lui qui te rend heureuse, je ne vois pas pourquoi … tu n’es pas déjà avec lui … »

Je n’arrivais pas à mentir. Mon discours était amer. Je relevai la tête, les yeux embués. Je ne sus jamais si elle le vit.

Car elle me regarda, une pointe de déception dans le regard. Elle me regarda, elle se tourna et elle partit.

J’eus l’impression qu’elle me fuyait …

Lorsqu’elle disparut de mon champ de vision, je tombai à genoux dans la neige, le regard éteint. Que dire ? Que faire, de toute façon… ? Je l’avais perdue. Elle s’était tournée vers lui.

Vers lui.

Vers lui.

J’hurlai de toutes mes forces. Mon cri mourut dans ma gorge, effacé par les sanglots rauques qui prirent bien vite la place de ma rancœur.

Je me traînai jusqu’à ma chambre, où je tombai à même le sol. Je ne sus combien de temps s’était écoulé dans cette pièce sombre et froide.

Lorsque je relevai la tête, c’était la nuit.

La nuit dehors, la nuit dans mon cœur.

Je me traînai jusqu’à la glace de ma salle de bains, pour me passer de l’eau sur le visage. Je voulais mourir.

Je voulais tout laisser tomber.

Je voulais tout abandonner.

Les élèves.

Terrae.

Je pris ma tête dans mes mains, plié en deux devant mon lavabo. J’hurlai encore. J’hurlai ma peine et ma haine. Mon envie de mourir et ma peur. Ma tristesse. Ma destruction. J’hurlai que je renonçais. Je renonçais à tout, puisqu’elle ne serait plus là pour moi.

Soudain, la douleur dans mon crâne me transperça. J’agrippai le rebord du lavabo, haletant. Quelque chose voulait prendre le contrôle. Il arrivait …

Oui, lorsque je me redressai, il faisait nuit dehors. Il faisait nuit dans mon cœur. Désormais, il faisait aussi nuit dans mes yeux.

Il brisa le miroir, un sourire aux lèvres, les yeux gris sombre, presque noirs, brillants. Une voix résonna dans ma tête, et me donna envie d’hurler encore.

« Je t’avais dit que je reviendrais dès que tu commettrais un faux pas…. Et je crois avoir dormi suffisamment longtemps. »




Terrae, le 10 Juillet. Je crois que je dors mieux. Est-ce grâce à ce journal, ou bien parce que j'ai enfin retrouvé ta voix ?...
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Dim 9 Aoû - 1:17

Chroniques d’Hikaru, chapitre cinq : Les larmes d‘Alia.



A partir de maintenant, le récit que je vais livrer paraîtra sans doute flou et torturé. A ce moment là, je n’étais plus qu’un spectateur dans mon propre corps. Une sensation que je ne souhaite à personne… savoir que son corps est régi par quelqu’un d’autre est absolument horrible. On se sent prisonnier de soi-même, dans l’incapacité à bouger, pris dans un engrenage qu‘on ne peut stopper.

IL avait pris le contrôle. IL faisait bouger mon corps. Et IL semblait adorer ça. Tandis que j’hurlais, tandis que je lui criais de me rendre le contrôle, lui ne répondait pas. Il se contenta de se rendre dans la cour, où il neigeait encore.

Lorsque je vis Alia, seule, dans la nuit, je compris. Je compris pourquoi IL était là. Je me mis à tambouriner furieusement sur la porte de notre conscience commune.

«  Non !! Arrête ! Laisse-la !! Ne la touche pas !! Ne lui fais pas de mal !! »

Seul son rire me répondit dans le noir. Rire qui fut perdu au milieu de mes vociférations.

Soudain, mon cœur se figea. Je l’entendis. Elle l’avait vu. Ou plutôt, m’avait vu, selon elle. Et Je … enfin, nous nous avancions vers elle.

«  Hikaru ?… Que me veux-tu ?.. J’ai parlé à Zane si c’est-ce que tu veux sav-… »

Elle fut stoppée par une masse d’air qui l’envoya dans la neige plus loin. Je redoublai en injures.

«  Laisse la !! Ne la touche pas !! Si tu la touches, si tu lui fais du mal, je te jure que … »
«  Que quoi ? Que tu vas me tuer ? Déconne pas Hikaru. Je fais ça parce que t’as été incapable de faire la part des choses. C’est de ta faute si je suis là maintenant. Et … C’est de ta faute si elle mourra ce soir. »
«  NON !! Ne lui fais pas de mal !! Arrête toi !!! »

Alia se releva, du sang coulant déjà de sa tête. Elle était stupéfaite.

- Hikaru !! Que se passe-t-il ?! Qu’est-ce que je t’ai fait ?!

Ce fut lui qui utilisa mes lèvres comme il utilisait mon corps. Sa voix était plus grave, plus profonde, ses intonations plus sévères et son ton plus … meurtrier.

- Hikaru n’est plus là. Et ce soir, Alia… Tu vas mourir. Tu m’en vois navré.

Une seconde lame de vent arriva à toute allure vers elle. Cette fois ci, cependant, elle était prête. Elle se pencha pour l’éviter, retirant sa cape et la laissant tomber dans la neige.

- Hikaru, arrête. Je ne te crois pas. Que se passe-t-il …? Hikaru … Hikaru !!

Je ne répondais pas. Totalement déconnecté avec la réalité, ma réalité, je ne voyais plus que l’avenir que dictait cette voix pour Alia. La mort. Je la voyais déjà s’effondrer à mes pieds, haletante, couverte de son sang. Je voyais son sang éclabousser mon visage comme celui de ces hommes. Je la voyais déjà morte et je ne pouvais plus rien faire pour empêcher cette vision d’horreur. Elle ne cessait de m’appeler.

Et je ne l’entendais plus.

IL engagea les hostilités, envoyant lame de vent sur lame de vent, l’emprisonnant sous une pression horrible pour l’obliger à se prendre des coups de plein fouet. Elle ne faisait que se défendre. Elle ne rendait aucun coup. Elle ne voulait pas me blesser. C’est cette constatation qui me fit revenir à la réalité.

«  Alia, bats-toi !! Tue moi, tue le, ne te laisse pas faire !! Alia !! Aliaaa !!! »

Elle venait de se prendre un sale coup. La main de … mon double venait de lui transpercer l’épaule. Elle hoqueta sous le coup, tandis qu’un flot de sang venait dégouliner sur mon bras.

Mes hurlements ne firent qu’augmenter. Je criais son nom, je lui criais de s’enfuir, je lui criais de se battre, je frappais toujours plus fort sur cette cloison qui nous séparait, moi et le contrôle de mon corps …

Mais ce coup changea tout. Parce qu’elle Le regarda dans les yeux. Sa main, par mouvements saccadés, vint toucher ma joue. Elle Le regarda dans les yeux. Et elle sourit.

Elle avait compris.

- C’était donc ça … Que tu gardais au fond de ton cœur … murmura-t-elle avant de s’arracher à l’étreinte mortelle de son agresseur.

Elle se recula de quelques pas, titubante, sans cesser de garder ce petit sourire. Elle arracha un bout de sa cape pour se bander l’épaule. Et IL la laissait faire. Je ne comprenais plus rien. Je me mis à espérer que tout allait s’arrêter, qu’IL allait partir, qu’elle allait rester …

Sauf qu’IL éclata de rire. Un rire fou. Un rire qui me rappela tant le mien dans cet entrepôt sombre …

- Tu as enfin compris, Alia. Ce n’est pas trop tôt. Nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses.

Elle secoua la tête.

- Je ne te ferai aucun mal. Parce que je sais qu’au fond tu es Hikaru.

«  Alia… Non… »

Je me mis à sangloter, toutes mes forces m’abandonnant. Elle allait donner sa vie … J’allais la perdre …

Je crois que c’est à ce moment là que j’ai fait la pire erreur de ma vie. J’ai arrêté de me battre. Et alors, le reste de pouvoir que je gardais en moi lui est revenu de plein fouet. IL l’a senti, et je l’ai entendu dire -pourquoi sa voix avait -elle des accents tristes ?-

- Dans ce cas là, je vais abréger tes souffrances, princesse.

Je sentis un fourmillement familier me parcourir le dos. Je ne comprenais pas. Soudain mes bras se couvrirent de tatouages similaires à ceux de mon dos. Ils descendaient jusqu’au dos de mes mains. Je sentis le pouvoir affluer, énorme, illimité, parfait.

IL venait de réveiller la greffe d’Adam. Ce qu’il nous avait offert avant de mourir. Mais … Le pouvoir qu’il utilisait était plus sombre. Je me souvins des dernières paroles du père d’Alia.

«  Tu sauras en temps voulu ce que je t’ai offert. Ce que nous vous avons offert. Adieu Hikaru. Puisses-tu voir avec discernement la lumière qui brille dans le cœur de chacun des hommes. »

A moi Adam avait donné la lumière. Mais que lui avait-il donné à lui ?…

J’eus la réponse lorsque les ombres autour d’Alia se mirent à bouger, tandis qu’elle, au contraire, restait parfaitement immobile.

Il était mon double, mon opposé, mon Yang. Si j’étais la lumière, il était l’ombre. Tout simplement.

Je regardai, impuissant, les ombres se rassembler en une épée. Une épée qui venait se former dans la main de celui qui allait ôter la vie de celle que j’aimais plus que tout au monde …

Je me mis à frapper de toutes mes forces, criant, m’étouffant avec mes larmes, mes hurlements se noyant dans mes sanglots.

Je criais son nom.
Je lui hurlais d’arrêter.
Je criais à me tuer pour que la vie ne la quitte pas.

Et elle qui gardait son sourire… Je ne le supportais pas.

«  Ne donne pas ta vie pour moi !! Par pitié !! Alia !!!… ALIA !!! »

L’épée était terminée. IL s’avança, et, soudain, l’ombre transperça Alia au milieu de la poitrine. Elle saisit la lame de l’épée entre ses doigts, mais peine perdue : l’arme s’évaporait. Ses doigts palpèrent l’air quelques secondes, puis elle tituba, bougeant de quelques pas … Et soudain, elle s’effondra.

- C’est fini. Adieu, Alia. Je suis désolé, souffla-t-il avant de disparaître de ma conscience.

Le mur bâti entre nous était tombé. Je repris le contrôle de mon corps et me jetai sur Alia, qui perdait son sang sur la neige. J’utilisais tout mon pouvoir pour la soigner, tandis qu’elle reprenait conscience…

Sa blessure à la poitrine était affreuse. Brûlée par on ne sait quel feu, sa chair se restaurait difficilement.
Au bout de quelques minutes, je la vis ouvrir les yeux. Sa blessure disparaissait. Je caressai son visage d’une main.

«  C’est fini, Alia, tout est fini … Je vais te soigner, ensuite on va te ramener à l’Institut, et tout sera comme avant, tout se passera bien, tu es en train de guérir et … »

Ce fut sa main sur ma joue qui m’arrêta. Ensuite, elle posa son autre main sur celle qui soignait sa blessure. Elle souriait.

- Hikaru … Tais toi … Je … Je n’en ai plus pour beaucoup de … temps. C’est inutile.

Je la regardai, sentant les larmes me monter aux yeux.

- Alia, non …
- Chut …
- Alia … Laisse moi te soigner ! Je peux encore le faire ! Tu peux vivre ! Laisse moi faire, s’il te plaît !!

Elle secoua la tête doucement.

- Je sens … Je sens la vie me quitter… Elle s’écoule hors de moi … Il est trop tard.

A ces mots je fondis en larmes. Mes sanglots rauques me déchirèrent la gorge, et mon corps fut agité de soubresauts, ma main libre rejoignant la sienne posée sur ma joue.

- Alia … réussis-je à articuler. Je … je suis tellement désolé … Je … Je ne voulais pas… Que tout ça arrive.. Je … Je ne voulais que ton bonheur … Pardonne moi … Pardonne moi …

Alia m’offrait toujours son sourire. Son pouce caressait ma joue doucement, même emprisonnée dans la mienne.

- Non Hikaru … Arrête de pleurer … Je … Je suis heureuse. Je … Je savais que tu n’étais pas comme … nous. Que tu étais différent … Que tu enfouissais quelque chose dans ton cœur … Une part d’ombre… Je le sentais … Du plus profond de mon être… Alors arrête de pleurer. Je suis heureuse, parce que j’ai compris.

Elle rit doucement -cet effort lui arracha un cri de douleur.

- Tu sais, reprit-elle, je craignais cette part d’ombre que tu cachais en toi… Maintenant je n’ai plus peur … Hikaru …

Elle me souriait. Encore. Alors que des larmes dévalaient mes joues, alors que des perles de sang et de sel tombaient de mes yeux, tombaient de son cœur … Elle me souriait … Je secouai la tête.

- Alia, arrête. Tu … tu m’avais dit que tu étais amoureuse de lui … Je vais le chercher.

Je commençai à me lever lorsqu’elle me retint. Elle ne souriait plus.

- J’avais dit … Que je l’avais choisi. Je l’avais choisi parce que toi … Tu as laissé tomber… Je voulais que tu te battes, mais apparemment, je me suis trompée …

Elle se mordit la lèvre inférieure avant de grimacer. La douleur s’intensifiait, je le sentais.

- Laisse moi te soigner, marmonnai-je pour cacher mon trouble.

Là aussi elle m’arrêta. Encore une fois d’un regard.

- Je ne te comprends plus, soufflai-je.
Elle me fixa, et passa sa main sur mon visage encore une fois. Elle sourit de nouveau.

- C’est ce que je me suis toujours dit de toi …

Son corps se cambra sous une attaque plus violente de son mal. Elle se mit à tousser du sang. Sans réfléchir, je la serrai cotre moi, doucement, les larmes me remontant encore une fois aux yeux.

- Je ne veux pas te perdre … lui soufflai-je. Je ne veux pas que tu t’en ailles loin de moi…

Je me détachai d’elle pour prendre son visage entre mes mains. Des larmes roulèrent encore sur mes joues.

- Alia … Je t’aime … Par pitié, reste avec moi … Je .. Je te promets … Je te laisserai vivre avec Zane, et je ne dirai rien, mais … par pitié, reste avec moi … Reste avec moi !!!

Elle me regarda, surprise, puis son sourire se fit doux.

- Hikaru … tu sais … les séparations ne sont pas toujours douloureuses … Même éloignés, les cœurs se rejoignent.

Elle toussa du sang. Encore. Puis me souris. Encore.

- Alors … Lorsque je mourrai … Mon cœur ira se blottir contre le tien … Pour l’éternité.

Elle souleva avec difficulté le haut se son corps pour s’approcher de moi. J’étais pétrifié. C’était tellement injuste. Ces mots que j’avais tant attendus, tant souhaités, je les avais. Mais elle mourait … Et rien ne pourrait la sauver. J’étais pétrifié. Je la vis approcher son visage du mien. Ses lèvres n’étaient qu’à quelques centimètres des miennes…

Soudain son corps se cambra, et elle retomba au sol en un souffle.

- Hikaru, souffla-t-elle.

Elle retomba au sol et se tordit de douleur. Je sentais que c’était la fin.

- Hikaru, répéta-t-elle.

Ses lèvres bougèrent. Aucun son ne sortit de sa bouche aux reflets vermeils. Cependant, j’avais compris. Ce fut moi qui lui souris. Et ce fut elle qui pleura. Une larme. Puis deux. Elle pleurait de bonheur, et moi aussi. Je la serrai contre moi la berçant, murmurant son nom… Je sentais nos deux cœurs battre sur le même rythme, à la même intensité…

Lorsque je décollai mon corps du sien, elle avait fermé les yeux. Sereine. Un dernier sourire doux accroché à ses lèvres. Je ne comprenais pas. Elle ne pouvait pas mourir.

- Alia ?… Alia … murmurai-je.

Ses traits étaient si sereins … Elle allait se réveiller. C’était impossible autrement.

- Alia … Réveille toi, Alia … Je vais te ramener, je vais te soigner … Alia …

Je n’entendais plus son cœur. Je n’entendais plus que le mien. Mon cœur qui battait seul. Désordonné. Irrégulier.

- Alia …

Je ne voulais pas m’en rendre compte mais j’avais compris.

- Alia …

Je ne voulais pas m’en rendre compte mais c’était fini.

- Alia …

Je ne voulais pas m’en rendre compte … Mais elle était partie.

- ALIA !!!!!

Je ne tenais plus que son corps. Elle était sans vie. Partie.

- ALIA !! ALIA !! Non, Alia !!! Alia … Alia !!!

Mes cris s’étouffèrent dans ma gorge. Mes sanglots vinrent effacer toute note d’humanité dans mes cris.
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Dim 9 Aoû - 1:20

Encore une interruption ... Navré Alia. Je ne sais plus quoi faire de ton dossier, et j'ai encore hésité à le jeter ...



Je déposai délicatement Alia sur le sol enneigé, et la serrai contre moi. Pris d’une soudaine folie, je rallumai l’éclat de mes mains.

- Tu vas guérir, Alia, tu m’entends ?! Tu vas vivre, alors accroche toi !!

Ss plaies disparaissaient à une vitesse hallucinante. Bientôt son corps fut intact.

Mais plus aucune âme ne l’habitait …

Je me mis à hurler son nom encore une fois.

Cette fois-ci je la serrai contre moi pour la bercer, lui murmurant des mots d’amour encore une fois, une dernière fois …

Je ne sus pas combien de temps je restai auprès d’elle. Sans doute assez pour que je sang sur mon visage et mon torse ne sèche et pour que son corps ne se refroidisse …

Je m’étais agenouillé à ses côtés, ne la tenant que par sa main. Si froide. Si blanche. J’étais resté tellement de temps comme mort, moi aussi… Je sentais mon cœur partir en même temps que le sien.

Quand tu pleurais, je voulais effacer tes larmes une à une.
Quand tu avais peur, je voulais battre tes peurs pour te voir sourire encore une fois.
Je suis resté à tes côtés tout ce temps …
Et tu as encore tout de moi …

Alia, tu n’es qu’une menteuse. Je ne sens pas ton cœur près du mien. C’est le mien qui est parti en même temps que le tien. Je ne suis plus rien, je te l’avais déjà dit. Et jamais ce vide n’a su se combler…

Soudain, une voix perça à travers l’univers blanc et rouge qui m’entourait.

- Alia …

Je tournai la tête tout doucement. Au ralenti. Il était là. Et il me voyait, à côté du cadavre d’Alia, tâché de son sang …

Zane … Je t’ai fait tellement de mal à toi aussi, maintenant je le sais. Je t’ai volé la femme de ta vie. Mais égoïstement, j’ai pensé que comme ça je me sentirais moins seul …


Je crois que je ne pourrai pas décrire l’expression qui s’était peinte sur tes traits.
Dégoût.
Tristesse.
Peur.
Regret.
Peine.
Horreur.
Colère.

Tu as ressenti tout ça, hein ?… Zane… Si seulement tu savais…

- Tu … tu l’as tuée, siffla-t-il. Elle est morte, et c’est de ta faute. Pourquoi, Hikaru, pourquoi ?! Elle était ton amie !!

Je ne pris pas la peine de répondre. De toute manière, pourquoi me voiler la face ? Je l’avais tuée.

J’avais tué la femme qui nous était chère à tous les deux.

J’étais un monstre. Une preuve de plus.

Il essaya de s’approcher. Puis, se souvenant sans doute que j’étais là, il avait reculé, comme frappé par la foudre.

- Hikaru… Tu étais mon ami…. Et tu l’as tuée. Pourquoi ?! POURQUOI ?! Pourquoi as-tu volé mon bonheur ?! Elle … Elle était … Tout … pour moi … Hikaru …

Je détournai le regard. Je le savais.

Il m’avait regardé une dernière fois.

- Tu n’es qu’un monstre, Hikaru. Toi et cet endroit … Vous ne la méritiez pas, et la preuve, elle est morte !! Tu … Tu me l’as prise !! Elle ne méritait pas ça !!! Pas Elle !!

Il chuchota :

- Alia …

Il me fixa.

- Oui, Hikaru. Tu n’es qu’un monstre. Un monstre sans cœur, et sans âme. Tu étais mon ami. Maintenant je te jure que je te tuerai.

Il secoua la tête.

- Pas ici. Pas devant elle. Elle n’aurait jamais voulu ça.

Il commença à partir. Lorsqu’il se retourna, il pleurait.

- Un monstre …

Et sa silhouette s’effaça dans la neige.

A ce moment là, j’avais tout perdu. Ma raison de vivre. La femme de ma vie. L’ange qui me guidait. Ma bonne étoile. Mon meilleur ami. Mon frère.

Tout ça ce jour de neige …

Terrae, le 9 Août. Alia ... Aujourd'hui, l'aimes-tu encore ? Même maintenant tu me perds, et chacun des mots que tu n'as pas prononcés me plonge dans la plus affreuse des tourmentes...


Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Philos Sam 31 Oct - 2:03

Chroniques d’Hikaru, chapitre six : Loup hurlant
.

Je ne sais pas ce qui m'a empêché d'écrire dans ce carnet récemment. Quoi ou qui ?... Je ne sais plus, et même maintenant je me perds. J'ai finalement réussi à poser sur papier la sixième et dernier acte de cette pièce qui ressemble plus à une comédie pathétique qu'à une tragédie... Et pourtant. La tragédie, ici, ne réside pas dans la Mort. Elle réside dans l'absence. Celle des deux êtres qui ont fait ma vie...


°°°



Je crois que j’aurais aimé rester auprès d’Alia jusqu’à en mourir.
J’ai serré sa main blanche dans la neige jusqu’au petit matin.
Le Soleil m’avait fait ouvrir les yeux, aveuglant.

Pourquoi ?
Pourquoi le Soleil se levait-il ?
Pourquoi n’arrêtait-il pas sa course pour pleurer ?
Pourquoi brillait-il si fort ?
Pourquoi pensait-il qu’il pourrait l’éclipser ?

Elle était morte.
Plus rien d’autre ne m’importait.
Il faisait tellement noir …
Tellement noir.

Mon rêve fut brisé lorsqu’on nous trouva, Alia et moi, allongés dans la neige, blancs tous les deux, l’un mort et l’autre sans vie. Je n’entendais que trop ce qui se disait. On me tira d’elle, on m’arracha sa main, on me l’arracha toute entière … Je me mis à hurler, cherchant à la rejoindre, à la toucher, à la serrer dans mes bras encore et encore … On me ceintura.

Et elle partit.

C’est comme une ombre que je cherchai Zane.

Ce fut finalement lorsque j’avais abandonné que je le trouvai.

Comme d’habitude.

Il était avec elle. Assis face à la mer, elle un bras autour de ses épaules.

Je savais qu’il me sentirait.

Aussi je ne bougeai pas.

Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes qui me parurent des heurs qu’il finit par se relever, et me fixer, méprisant. Electra lui dit quelque chose que je ne voulus pas entendre, elle se détourna.

Et il continuait à me regarder.

Sans détacher son regard du mien, il tendit le bras.

Il tenait un revolver à la crosse violet et argent.

J’ouvris les bras et fermai les yeux.

- Vise bien, soufflai-je.

Le maître et l’élève me regardaient avec la même expression, savant mélange entre dégoût et parfait contrôle de soi. De toute manière je ne voulais que mourir. Il me rendait service.

Il se détourna, laissant retomber son bras sur son flanc. Il se tourna finalement vers Electra, souffla quelques mots avant de lui tendre ses deux revolvers. Je l’entendis crier, elle qui ne voulait pas l’abandonner, qui ne l’avait jamais voulu, qui aurait préféré mourir à ses côtés plutôt que de fuir …

Je regardai Electra, sortant un instant de ma torpeur pour me rendre compte que celle qui souffrait le plus c’était elle. Je la projetai d'une une masse d’air dans les bras de Noa, qui arrivait avec Frost et Light. Electra se fit rapidement ceinturer, et le seul bruit qu’on entendit d’elle fut bientôt celui des larmes qui glissaient sur ses joues… Zane et moi avions détourné le regard en même temps pour éviter de voir la vie que nous avions détruite en pensant la sauver.

Puis son regard se figea dans mes yeux. Je sentais en moi mon double qui voulait en finir, qui voulait reprendre le contrôle… Je le renvoyai abruptement. En moi, la douleur se muait en colère. Une colère sourde, grondant comme le pire des ouragans dans mon esprit.

Si elle était morte, c’était de sa faute. Il n’aurait pas dû. Pourquoi avait-il voulu me la prendre, après tout ?! Pourquoi avait-il été incapable de la protéger ?! Pourquoi ne savait-il pas reconnaître ses erreurs ?!

Toutes ces questions tournaient en rond dans mon esprit… Me rendant fou.

Comme ce jour où j’avais abattu ces hommes dans le hangar.

Je ne savais pas, je ne me rendais pas compte, que toutes ces questions, tout ce que je reprochais à Zane, c’était en réalité les torts que je me trouvais … Et que je refusais d’admettre. Il était tellement plus simple de remettre en question les autres plutôt que soi … Tellement plus simple.

La version officielle -celle que j’ai divulgué aux autres, à vrai-dire-, c’est que mon double avait repris le contrôle de mon corps.

C’était faux.

J’ai été conscient de mes actes du début à la fin. C’est moi qui ai affronté Zane.

Et c’est moi qui ai provoqué son exil.

Tout ce que lui reprochais, et surtout, surtout, l’image du corps d’Alia étendu dans la neige me rendaient fou. Lorsque mon regard croisa enfin celui de Zane, je lui offris un sourire de défi, un large sourire d’homme qui sait ce qu’il va faire.

Passant ma main derrière ma nuque, je m’écriai, le fixant droit dans les yeux :

- Tu voulais me tuer, hein Zane ?… Hé bien amène toi ! T’as l’occasion de ta vie ! Il aura fallu qu’elle meure pour que ce moment arrive… Te rends-tu compte de ce que nous avons fait à Terrae ! Elle a perdu sa voix, son âme !!

J’haussai encore la voix si c’était possible.

- Alors viens, battons nous, mon frère ! Que le Monde sente qu’il tremble à cause de notre pouvoir et de notre haine !!

Il me regarda et son regard devint dur comme de l’acier.

- Tu es devenu fou, siffla-t-il. Le Monde a fait de toi un Monstre … tu ne pourras pas lui rendre la pareille.

Il s’élança dans ma direction, sa greffe activée, la chaîne de son pistolet cliquetant sous sa vitesse, et moi en plein dans sa ligne de mire.

- Mais moi, si ! Acheva-t-il avant de tirer trois coups que je savais parfaitement ajustés … Et qui me visaient en plein cœur.

Sans bouger, je solidifiai l’air devant moi. Les balles se figèrent devant moi, à quelques centimètres de mon visage. D’une pichenette, je les fis tomber à mes pieds.

Et le combat commença.

Tout est flou dans ma mémoire. Ce combat, j’ai tellement refusé de le reconnaître que j’ai plus l’impression d’avoir été un observateur. Un observateur de mon horreur, de ma haine, de ma colère… aussi je ne préfère pas raviver ces souvenirs qui sont un des moteurs de mes insomnies devenues une habitude.

Tout s’est terminé au coucher du Soleil. Tous les Masters étaient partis pour protéger les autres élèves - on avait assommé Electra et l’avait porté à l’infirmerie- , Zane et moi étions seuls.

Haletants, couverts de sang, -le nôtre ou celui de notre adversaire, quelle importance ?…- notre lutte nous avait déplacés sur une falaise. J’étais tellement faible que je ne pouvais pas activer mon don de guérison, et Zane oscillait entre sa forme de loup noir et sa forme humaine.

Haletant, je tombai à genoux à ses côtés, alors qu’il était assis au sol, tentant de se retransformer. Nous nous regardâmes, et soudain, il sortit une dague avec laquelle il tenta de me frapper.

Je sentais que je perdais connaissance. Son coup m’atteignit en pleine poitrine, tandis que de mes dernières forces j’envoyais une lame de vent qui le fit rouler sur le promontoire qui bravait l’océan déchaîné.

Lorsqu’il bascula dans le vide, vide dans lequel je l’avais poussé, il me regarda.

Un regard qui resta gravé comme au fer blanc sur ma rétine. Pas un regard de haine, pas un regard empli de colère … Un regard plein d’un sentiment que jamais je n’aurai imaginé sur son visage.

Zane, en basculant dans le vide, pleurait.

Et ses yeux étaient pleins d’incompréhension.

Ce fut la dernière vision que j’eus de lui… La dernière que j’eus avant de sombrer dans le néant, mon sang dessinant de ses volutes une marque mystique sur le sable avide qui s’empressait de pomper chaque goutte vermeille qui s’échappait de moi.

Lorsque je me réveillai, je constatais deux choses.

Un, j’étais guéri. La plaie de ma poitrine avait cicatrisé durant mon sommeil.

Deux, un néant avait remplacé mon cœur. J’entendais battre un organe, mais plus rien ne me faisait sentir les choses comme un être humain.

J’avais perdu mon cœur ; la femme de ma vie me l’avait pris … Mon meilleur ami, mon frère, avait tenté de me l’arracher.

Lorsque je me levai, je compris. Il me manquait l’amour. Il me manquait la passion. Il me manquait ce qui, spirituellement, faisait battre le cœur d’un homme. Il me manquait l’Espoir.

Il ne me restait plus que malheur, tristesse, remords, douleur.

Hikaru était mort. Mort en même temps qu’Alia, mort en même temps que Zane.

Philos était ce qu’il en restait.

Tout ce qu’il en restait …

Lorsque j’eus repris, au bout de quelques heures, suffisamment de forces, je pris le corps d’Alia avec moi, et nous nous enfonçâmes dans la forêt. Je m’arrêtai à la serre pour y prendre une dizaine de roses blanches, que je faisais voleter à côté du corps inanimé d’Alia, qui, paisiblement, toujours ce léger sourire aux lèvres, semblait dormir, comme un gisant paisible.

Au bout d’heures de recherches, je trouvai enfin le sanctuaire rêvé. Caché, au milieu de nulle part … Je serai le seul à pouvoir le trouver, à pouvoir La trouver.

Au fond de la cavité naturelle se trouvait un gisement cristallin. Je me rendis compte que c’était le même que celui qui composait les pierres des Tours de l’Institut …

Ce jour là, je découvris la face cachée de ma greffe. Je ne sus pourquoi, mais je me décidai à l’utiliser, voulant rendre ce cristal plus lumineux … et y sceller le corps d’Alia.

Le résultat fut tellement au-delà de mes espérances …

Lorsque ma greffe s’activa, mon pouvoir de lumière … se décupla, en présence du cristal. Je sentais en cette pierre étrange tellement d’énergie… Tellement de pouvoir. C’en était grisant. Caque millimètre carré de cristal était comme une fantastique réserve d’énergie, presque infinie …

… Alia fut scellée dans le plus pur des cristaux. L’éclat de ces derniers semblaient fades comparés à la douce couleur de ses joues …

Je laissai tomber les roses à ses pieds, et moi avec. Les deux mains posées sur le cristal, la joue contre cette surface presque tiède, je me mis à pleurer comme un enfant perdu.

Un enfant qui ne trouverait plus jamais de route … Condamné à errer pour l’éternité, à mi chemin entre folie et inhumanité.

Toutes mes larmes étaient pour Elle. Pour Lui. Pour ces deux êtres que j’avais perdus à cause de mes erreurs.

Pourquoi, lorsque je trouvais le Bonheur, devait-il s’enfuir en emportant une part de mon être ? Etais-je condamné à perdre petit à petit la raison à vouloir encore croire en la vie ?…

Suis-je encore en vie ?
Peut on considérer quelqu’un comme moi comme encore vivant, encore apte à vivre, à ressentir, à … aimer ?
Je ne suis plus rien.
Plus rien, depuis ce jour de neige.
Plus rien, depuis ce crépuscule.
Plus rien, depuis ce regard, depuis toutes ces paroles, depuis toutes ces larmes dont j’aurais été la source.
Plus rien, rien de plus qu’une coquille vide…

Dans laquelle il n’y a plus qu’un cœur mort pour faire battre deux âmes.



Terrae, le 30 Octobre. Zane ... Sais-tu que depuis que j'ai appris que tu étais encore en vie, je guette sans relâche le hurlement du loup qui annoncera ton retour, et le début de ma fin ?...
Philos
Philos
Directeur schizophrène
Directeur schizophrène

Nombre de messages : 1532
Age : 31
Localisation : Terrae ? Oui, pourquoi pas ...
Date d'inscription : 11/09/2008

Feuille d'inscription
Âge: 20
Affinité: Libre comme l'air ...
Rang: Moi ? Je ne suis qu'un master parmi tant d'autres ...

http://terrae-world.tonempire.net

Revenir en haut Aller en bas

Carnet de Philos Empty Re: Carnet de Philos

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser